EDUCATIONSuivi du CP au CE2 et examen de rattrapage. Les deux pistes pour réduire le redoublement

Suivi du CP au CE2 et examen de rattrapage. Les deux pistes pour réduire le redoublement

EDUCATIONUn groupe d’experts a remis ce mercredi ses recommandations à la communauté éducative…
Claire Planchard

C.P. avec AFP

«Il n'y a pas de recette miracle» pour réduire le redoublement, mais «des constats partageables». C’est avec cette philosophie pragmatique que Michel Lussault, président de l l'Institut français de l'éducation (Ifé) a présenté ce mercredi une série de recommandations. Des propositions élaborées avec le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco) et un jury composé d'acteurs de terrain, dans le cadre de la conférence de consensus sur le redoublement lancée fin janvier.

Freins à la baisse

«Les chercheurs ont démontré que le redoublement», auquel les parents, les élèves et les enseignants restent attachés, «est inefficace pour lutter contre la difficulté scolaire», mais «le simple fait de le supprimer ne résoudra pas les difficultés scolaires ou d'orientation», a indiqué lors d'une conférence de presse André Tricot, président du jury et professeur de psychologie à l'Ecole supérieure du professorat et de l'éducation de Toulouse.

La France est le cinquième pays de l'OCDE qui fait le plus redoubler ses élèves: 28% des élèves de 15 ans déclarent avoir déjà redoublé au moins une fois. Un recours important qui s'explique selon le jury par plusieurs freins au recul du redoublement: des freins pédagogiques, liés à la prise en charge de la difficulté scolaire, des freins organisationnels, comme des critères de décision du redoublement peu précis, ou encore des représentations sociales qui considèrent le redoublement comme une bonne chose.

Des alternatives à tester

Le jury n'a pas préconisé des mesures à généraliser rapidement, mais prôné des expérimentations qui devront être évaluées scientifiquement pour proposer progressivement des alternatives au redoublement sur les dix prochaines années.

Parmi les recommandations, expérimenter un «professeur des apprentissages fondamentaux» spécifiquement formé qui suivrait un même groupe d'élèves du CP au CE2. Cette organisation «a obtenu de bons résultats à l'étranger, notamment en Finlande et en Belgique», a expliqué Séverine Guerre, directrice d'école et membre du jury.

Autre proposition: offrir une seconde chance, avec un examen de rattrapage en septembre. Des «écoles d'été» pourraient être organisées pendant trois semaines pour préparer les élèves les plus en difficulté. A part la France, seuls deux autres pays en Europe, Malte et le Portugal, ne proposent pas d'examen de rattrapage sous une forme ou une autre, a souligné la sociologue Nathalie Mons, présidente du Cnesco.

De son côté, le ministère a décidé de rendre «exceptionnel» le redoublement, selon un décret paru en novembre. Un accompagnement spécifique des élèves est censé être mis en place.

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