ATTENTATSAttentats à Paris: Un mois après, où en est l’enquête?

Attentats à Paris: Un mois après, où en est l’enquête?

ATTENTATSDes questions sur les éventuels complices des frères Kouachi et d’Amédy Coulibaly restent sans réponse…
Audrey Chauvet (avec AFP)

Audrey Chauvet (avec AFP)

L'essentiel

Pour comprendre en détail le réseau des frères Kouachi et de Coulibaly, lisez notre enquête:

Il y a près d’un mois, la France basculait dans le drame avec les attaques contre Charlie Hebdo, suivies du meurtre de la policière de Montrouge et la prise d’otages de Vincennes. Les investigations sur ces attentats qui ont fait 17 morts ont permis d'avancer sur les soutiens logistiques des tueurs mais des questions demeurent sur leur parcours et d'éventuels complices ou commanditaires.

Les complices, la grande zone d’ombre

Sur une trentaine de gardes à vue, seulement quatre connaissances de Coulibaly ont été mises en examen mais aucune pour complicité dans les attentats. Les quatre hommes sont soupçonnés d'un simple soutien logistique, en armes notamment. Trois d’entre eux ont des antécédents judiciaires, notamment pour vols, et jamais en lien avec des affaires de terrorisme. Il n’y a eu aucune interpellation en Belgique, où Amédy Coulibaly aurait acheté des armes.

Juste avant les attaques, plusieurs connaissances des tueurs ont pris le chemin de la Syrie. La compagne d’Amédy Coulibaly, Hayat Boumeddiene, est partie avec les frères Belhoucine, Mehdi et Mohamed, un ancien élève ingénieur condamné dans un dossier de filière jihadiste. Trois connaissances des Kouachi ont en revanche été interceptées: vétéran de l'Irak, Cheickou Diakhabi a été arrêté à la frontière turco-syrienne avec sa compagne, la soeur d'un islamiste radical du Val-de-Marne. Cheickou Diakhabi est écroué, tout comme Fritz-Joly Joaquin, qui voyageait avec le couple et avait été intercepté en Bulgarie. On ignore s’ils étaient au courant des attaques.

>> Voir l’infographie: La nébuleuse des frères Kouachi et Coulibaly

La thèse d’un quatrième homme

Une des armes d’Amédy Coulibaly a été utilisée dans l'agression d'un joggeur à Fontenay-aux-Roses, le 7 janvier. Le signalement donné par la victime ne correspond pas à Amédy Coulibaly, d'où la thèse d'un quatrième homme. Les enquêteurs pensent toutefois qu'il s'agissait bien du preneur d’otages de Vincennes: il faisait nuit, la victime était en plein effort, a été touchée de trois balles et son témoignage a varié. Autant d'éléments qui incitent à la prudence. Le mobile demeure inconnu: l'hypothèse d'un «tir d'entraînement» pour tester l'arme est envisagée.

Le mystère de la vidéo posthume

Qui a posté sur internet, le 11 janvier, la vidéo posthume dans laquelle Amédy Coulibaly se réclame de l'organisation jihadiste Etat islamique? Son montage et sa diffusion ont pu être faits à l'étranger après l'envoi des images par Amédy Coulibaly. Les enquêteurs pensent qu'elle a été tournée le 8, après les attaques de Charlie Hebdo et de Montrouge et la veille de celle du supermarché casher de Vincennes. Comme l'a révélé L'Express, Amédy Coulibaly a tourné une autre vidéo de sept minutes dans le supermarché. Il semble qu'il ait tenté de l'envoyer, via un site de partage, depuis un ordinateur portable. Y est-il parvenu? Des expertises sont en cours.

L'ombre de Beghal

Intelligent, charismatique, Djamel Beghal connaît Chérif Kouachi et Amédy Coulibaly, avec qui des liens se sont tissés en prison. Les deux tueurs lui ont rendu visite en 2010 dans le Cantal où était assigné à résidence ce militant des GIA algériens. Djamel Beghal est aujourd'hui écroué à Rennes pour le projet d'évasion d'un autre islamiste, qui avait valu une condamnation à Amédy Coulibaly. L’homme nie toute implication dans les attentats de janvier.

Dirigés de l’étranger?

Chérif Kouachi a dit agir au nom d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) et Amédy Coulibaly a exprimé son allégeance à l’Etat islamique. Si les enquêteurs n'ont pas trace de séjour en Syrie des tueurs, ils n'excluent pas qu'ils s'y soient rendus sans avoir été repérés. Ils sont en revanche certains qu'au moins un des Kouachi, Chérif, s'est rendu en 2011 au Yémen, autre bastion du djihadisme international. Pour ce voyage, il avait utilisé les papiers de son aîné, Saïd. Or, un homme bien connu des services antiterroristes vit au Yémen: vétéran du djihad en Irak, Peter Cherif avait été condamné, comme Chérif Kouachi, dans la filière des Buttes-Chaumont à Paris. Se sont-ils croisés au Yémen? Sont-ils restés en contact?