CGT: «Philippe Martinez a intérêt à durcir son discours dans les premières semaines»
INTERVIEW•Bernard Vivier, spécialiste du monde syndical, décrypte l’élection de Philippe Martinez au poste de secrétaire général de la CGT...Propos recueillis par Nicolas Beunaiche
La CGT portera désormais la moustache. Après des mois de tumultes qui avaient débouché sur la démission de Thierry Lepaon, le syndicat a désigné mardi Philippe Martinez au poste de secrétaire général. Le numéro un de la fédération de la métallurgie, 53 ans, a été plébiscité par le comité confédéral national (CCN), obtenant 93,4% des voix. L’équipe qui l’entourera a récolté, elle, 88% des voix. Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail, décrypte ces choix pour 20 Minutes.
La CGT s’est enfin trouvé un secrétaire général. Est-ce la fin de la crise?
C’est en tout cas la fin de la crise de succession de Bernard Thibault qui avait provoqué l'élection de Thierry Lepaon. La CGT avait besoin d’un homme solide et incontestable, elle en a trouvé un. Mais l’élection de Philippe Martinez ne règle pas le problème de fond, à savoir l’identité du syndicat. Où la CGT veut-elle aller? S’oriente-t-elle vers un syndicalisme de rupture radicale ou vers un syndicalisme de négociation? L’arrivée de Martinez ne répond pas encore à cette interrogation. Ce sera son grand défi que d'y répondre.
Philippe Martinez est réputé plus radical que Thierry Lepaon. Cela augure-t-il un durcissement des positions de la CGT?
Dans les semaines et les mois qui viennent, il faut en effet s’attendre à ce que la CGT se montre plus intransigeante à l’égard du patronat et du gouvernement. Philippe Martinez a intérêt à durcir son discours, ne serait-ce que pour la cohésion interne au syndicat. Mais cela n’a rien de définitif: la CGT pourrait très bien évoluer à moyen terme.
L’équipe autour de Martinez fait la part belle aux services publics. Comment l’analysez-vous?
Après le rejet de la première proposition de Martinez, les compétences étaient devenues rares. Les mécontents ont été laminés. La composition du bureau confédéral a été faite avec les personnes qui étaient encore disponibles, pour ainsi dire. Celles qui ont été choisies l’ont été en partie en raison de leur adéquation avec la ligne désormais plus dure du syndicat. Or les plus radicaux viennent du secteur public, pas du secteur privé.