FAITS DIVERSEnfant convoqué au commissariat: Six questions pour comprendre la polémique

Enfant convoqué au commissariat: Six questions pour comprendre la polémique

FAITS DIVERSIl a dit être «avec les terroristes» et a refusé de respecter la minute de silence…
William Molinié

W.M.

L’affaire devait-elle vraiment sortir de l’école? Jusqu’à se régler devant les policiers? L’audition mercredi dans un commissariat niçois d’un enfant de 8 ans pour avoir déclaré être «dans le camp des terroristes» suscite une vive polémique. Pour y voir plus claire, le point sur l’affaire…

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Que s’est-il passé à l’école?

Au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo, les écoles françaises avaient été appelées à observer une minute de silence. L’élève de huit ans, scolarisé en CE2, avait alors refusé d’y participer. Il a déclaré à son instituteur: «Je suis avec les terroristes». L’enfant a été convoqué par les policiers avec son père ce mercredi au commissariat de son quartier à Nice. Il a confirmé ses propos, déclarant ne pas connaître la signification du mot «terrorisme».

Qu’en disent les parents?

Ils «condamnent le terrorisme», a soutenu l’avocat de la famille, Me Sefen Guez Guez. Mais le père se serait rendu plusieurs fois à l’école, selon l’instituteur et le directeur de l’école qui a déposé une plainte à l’encontre du père pour «intrusion» au sein de l’établissement et pour «attitude menaçante» envers l’équipe. De son côté, la famille a porté plainte contre le directeur pour «violences aggravées». Le père l’accuse d’avoir tapé la tête de son fils contre un tableau et de l’avoir giflé.

Pourquoi l’enfant a été entendu au commissariat?

«On a convoqué l’enfant et son père pour essayer de comprendre un garçon de 8 ans peut être amené à tenir des propos aussi radicaux», a expliqué le directeur départemental de la sécurité publique, Marcel Authier.

Les policiers avaient-ils le droit de convoquer l’enfant au commissariat?

Selon Marie-Pierre Hourcade, présidente de l’Association française des magistrats de la jeunesse et de la famille, une telle procédure de convocation d’un enfant en audition libre n’a rien d’anormal. Si un juge est saisi, un enfant de moins de 13 ans ne peut faire l’objet d’une sanction pénale mais seulement de mesures éducatives.

Qui est l’avocat?

C’est un habitué de la polémique avec la mairie de Nice. Me Sefen Guez Guez s’oppose régulièrement à la politique du maire UMP, Christian Estrosi. La dernière passe d’arme juridique remonte, selon le site du Monde, à juin 2014, lorsque l’homme de droit s’était opposé à un arrêté municipal «interdisant l’utilisation ostentatoire de tous les drapeaux étrangers sur l’hypercentre» de la ville. «C'est une mesure réellement symbolique et xénophobe», dénonçait alors l'avocat, gagnant au final le bras de fer puisque le tribunal administratif a suspendu l’exécution de l’arrêté.

Où en est la polémique?

Elle gagne du terrain. «L’enfant était avec son père, il n’était pas tout seul», a réagi ce jeudi le député UMP des Alpes-Maritimes Eric Ciotti. «Je crois qu’il faut arrêter avec le monde des bisounours, on est dans un pays qui subit une menace extrême», a-t-il ajouté. Thierry Mandon (PS) a estimé que c’est «la famille qu’il faut auditionner, pas l’enfant».