Une semaine après le passage à l’acte et le réveil des frères Kouachi et de leur compagnon de route, Amédy Coulibaly, on y voit un peu plus clair dans leur entourage. Plus qu’une cellule terroriste hiérarchisée avec des décideurs et des exécutants, des acteurs de premiers plans et des seconds couteaux, c’est plutôt un nuage de connexions qui lient les acteurs des actes terroristes de la semaine dernière. Avec dans leur ombre, Al-Qaida et l'organisation de l'Etat islamique, des organisations rivales mais qui se retrouvent sur le même but: semer la terreur en Occident.

Cinquième volet, les donneurs d'ordre…

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Al-Qaida au Yémen

Photo tirée d'une vidéo de Nasser Ben Ali al-Anassi

La piste du Yémen apparaît très rapidement autour des frères Kouachi. Dès le mercredi après-midi, 20 Minutes recueille le témoignage d’un piéton qui se trouve rue de Meaux à Paris lorsque les terroristes échangent de voiture, quelques dizaines de minutes après la tuerie dans la rédaction de Charlie Hebdo. «Ils ont sorti un homme de la voiture qui était derrière. Et ils sont montés en disant "vous direz aux médias que c’est Al-Qaida au Yémen"», a raconté ce témoin. Dans la soirée, cette information est recoupée auprès d’un enquêteur de la direction générale de la sécurité intérieure. C’est une piste «probable», indique ce policier.

Finalement, c'est une semaine plus tard qu'Al-Qaida dans la péninsule arabique (Aqpa), basée au Yémen, revendique l'attentat dans une vidéo de 11 minutes. «Des héros ont été recrutés et ils ont agi», déclare ainsi l'un des dirigeants d'Aqpa, Nasser Ben Ali al-Anassi. «Les héros [les frères Kouachi] ont été missionnés, ils ont promis et ils ont réussi», soutient-il. Ajoutant: «Cette bataille bénie a été conduite par deux héros de l’islam, les frères Said et Chérif Kouachi, Ça a été un bienfait d’Allah que cette opération coïncide avec celle du frère moujahid Coulibali [Amedy Coulibaly]». Saïd Kouachi a été formé en 2011, par cette filière considérée par Washington comme la plus dangereuse.

Organisation de l’Etat islamique

Al Baghdadi, calife de l'Etat islamique - Anonyme

Sur Internet, les sympathisants de Daesh se sont réjouis de l’attaque menée par Amedy Coulibaly et les frères Kouachi. Cependant, aucun communiqué officiel n’a revendiqué l’attaque. Mais c'est le terroriste lui-même, auteur de la prise d’otage à Vincennes et de la fusillade à Montrouge, qui se déclare, dans une vidéo posthume, comme agissant au nom de l’organisation de l’Etat islamique.

Dans une autre vidéo de revendication, AQPA désigne Coulibaly de «Moujahid», un terme beaucoup plus connoté «Etat islamique» que «Al-Qaida». Toutefois, Amedy Coulibaly n’était sans doute pas en contact direct avec Daesh, dont le patron, Al-Baghdadi, n’a pas revendiqué l’attaque. Au fil de l’enquête, il apparaît davantage comme un loup solitaire fasciné par le logo et la symbolique «EI», qu’un combattant envoyé par Daesh pour toucher l’Occident au cœur, ce que l’organisation n’a d’ailleurs encore jamais réellement fait, faute de moyens et de cellule dormante. Elle préfère à l’inverse consolider ses frontières sur la zone occupée à cheval entre la Syrie et l’Irak, laissant à Al-Qaida le soin de mener des actions clandestines au cœur des Etats d'Occident.