«On ne va tout de même pas les laisser pourrir à l’air libre!» Président de l’Observatoire de l’islamophobie, Abdallah Zekri espérait ne jamais revivre la polémique qu’il avait tenté d’éteindre quand il avait fallu trouver un lieu de sépulture à Mohamed Merah, tué par le Raid le 22 mars 2012 après avoir assassiné sept personnes dont trois enfants à Toulouse et Montauban. C’est raté. «Depuis plusieurs jours, on n’arrête pas de m’appeler pour savoir s’il faut les enterrer. La question ne se pose pas: assassins ou pas, les frères Kouachi et Coulibaly ont droit à un lieu de sépulture…»

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Reste à savoir où exactement. Le droit français prévoit trois cas de figure distincts: outre dans un caveau familial, un individu peut être enterré dans la ville où il réside, dans celle où il est né ou dans celle où il est décédé. C’est-à-dire que les frères Saïd et Chérif Kouachi pourraient reposer à Dammartin-en-Goële, petite ville de Seine-et-Marne où ils ont été abattus par le GIGN, vendredi. Contactée par 20 Minutes ce jeudi, la mairie de Dammartin indique qu’elle ne souhaite faire «aucun commentaire» qui pourrait bouleverser, à nouveau, la vie de ses administrés.

«Une stèle du souvenir pour détraqués»

Si rien ne semble encore avoir été décidé, les familles de Chérif et Saïd Kouachi pourraient aussi faire une demande pour qu'ils soient enterrés dans les villes où les deux hommes habitaient. Gennevilliers (Hauts-de-Seine) pour le premier. Reims (Marne) pour le second. Avocat de l’épouse de Saïd Kouachi, Antoine Flasaquier a confié au Figaro que sa cliente préférait «garder cette information confidentielle pour ne pas que la tombe [de son époux] devienne une stèle du souvenir pour détraqués». Dans les Hauts-de-Seine aussi, aucune demande ne semble avoir été déposée.

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Même situation pour Amédy Coulibaly qui pourrait prétendre à être inhumé à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) où il habitait avec sa compagne Hayat Boumédienne, voire à Paris où a été donné l’assaut contre l’Hyper cacher de la porte de Vincennes. Là aussi, Abdallah Zekri précise qu’il n’a pas été contacté par la famille et qu’aucune demande particulière n’a été déposée.

La tentation de rendre la tombe anonyme

Juriste et consultant spécialisé en droit funéraire, Jean-Luc Bringuier avance, lui, une solution qui permettrait d’éviter les débordements. «Le maire dispose de pouvoirs de police en matière de sépulture, explique-t-il à 20 Minutes. C’est-à-dire que les inscriptions figurant sur les tombes doivent notamment être soumises à son approbation. S’il considère que le nom de la personne peut créer un trouble à l’ordre public, le maire pourrait exiger que la tombe soit rendue anonyme…»

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C’est le choix qui avait été fait, finalement, pour Mohamed Merah, dans le carré musulman du cimetière de Cornebarrieu, dans la banlieue de Toulouse (Haute-Garonne). Un endroit qui ne s'est pas transformé en lieu de pèlerinage.