Alcool au volant: Vers des tests capillaires avant de récupérer son permis
FRANCE•Selon l'Académie nationale de pharmacie, les cheveux «constituent un véritable calendrier rétrospectif de la consommation d'alcool»...20 Minutes avec agences
L'analyse de cheveux est un moyen «simple» et «fiable» de vérifier si une personne consomme trop d'alcool ou, au contraire, a arrêté de boire. Tel est le constat de l'Académie nationale de pharmacie qui recommande de recourir, de manière «systématique», aux tests capillaires avant de restituer un permis de conduire suspendu ou annulé.
Selon l'instance conseillère des pouvoirs publics, les cheveux «constituent un véritable calendrier rétrospectif de la consommation d'alcool». Sachant qu'ils poussent d'un centimètre par mois, leur analyse permet de retracer l'histoire de la consommation dans le temps.
Détecter un marqueur direct: l'éthylglucuronide
En cas de suspension de permis de trois mois, il suffit donc de prélever trois centimètres de cheveux pour prouver l'abstinence ou à l'inverse la consommation d'alcool durant ces trois mois, explique l'Académie, dans son rapport baptisé Alcool et sécurité routière.
Le test permet de détecter un marqueur direct, hautement spécifique et très sensible, de la consommation d'alcool, l'éthylglucuronide (EtG) qui reste stocké dans les cheveux, même si l'alcool récemment consommé a été complètement éliminé de l'organisme. La présence de cette substance, l'EtG, au-delà de 30 picogrammes par milligramme, témoigne d'une consommation excessive d'alcool supérieure à 60 grammes par jour, soit 6 verres standards.
Prévenir la récidive
En pratique, il s'agit de prélever une mèche de 80 cheveux environ, de préférence à l'arrière du crâne, en coupant le plus près possible du cuir chevelu (d'autres types de poils peuvent être prélevés, si nécessaire, à l'exception des poils pubiens), puis de l'envoyer au laboratoire de toxicologie par courrier postal.
Le test capillaire présente, entre autres, l'avantage d'être très spécifique de l'alcool, de présenter un risque de résultats faussement positifs théoriquement nul, et de ne pas être influencé par la prise de médicaments. Il s'agit là du moyen le plus pertinent de tester le sevrage ou les habitudes réelles de consommation sur le long terme, écrit encore l'Académie. Elle «permet aux médecins contrôleurs de suivre l'évolution d'une addiction à l'alcool pour prévenir une récidive et orienter éventuellement la personne vers une thérapie appropriée.» Et donc d'éviter les récidives meurtrières du fait de conducteurs qui ont encore, souligne l'instance, une «consommation abusive chronique».