Fusillade à Montrouge: «On a vraiment eu peur, dès qu'on a entendu les tirs, on s’est mis à courir»
REPORTAGE•Entre Montrouge et Malakoff, ce jeudi matin vers 8h, un homme lourdement armé a tiré plusieurs coups de feu sur une policière et un agent de la voierie…Oihana Gabriel
«J’espère que ce n’est pas un collègue…», souffle Fabienne, qui travaille à Edenred France. Mardi matin, à 8h45, le long de l'avenue Pierre-Brossolette, qui sépare Montrouge et Malakoff (Hauts-de-Seine), la stupeur transparaît du côté des riverains et des commerçants. Vers 8h, un homme a ouvert le feu avec une arme lourde sur des agents de police venus faire un constat après un accident de la route à hauteur du 91, avenue Pierre-Brossolette. Une jeune policière est tuée, un agent de la brigade de la voirie de Montrouge est grièvement blessé. Le quartier est immédiatement bouclé, obligeant résidents et salariés sur le chemin du travail à attendre derrière le périmètre de sécurité. L’auteur des tirs réussit à s’enfuir. Un homme de 52 ans est interpellé peu de temps après la fusillade, mais l’auteur des tirs, lui, a réussi à s’enfuir.
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«L’émotion est toujours là, mais pas la terreur»
Gilles, un voisin et adjoint au maire de Malakoff, est venu voir ce qu’il en était. «L’émotion après le drame de mercredi est toujours là, l’inquiétude aussi, mais pas la terreur. Juste à côté de la fusillade se trouvent deux écoles primaires, les parents étaient très angoissés ce matin.» A quelques pas de là, Mokhtaria raconte qu’elle a amené ses enfants à l’école la peur au ventre après avoir entendu les coups de feu dans la rue. Magid Amare, agent de la mairie de Montrouge était, lui, à l’arrêt de bus avec son fils quand les tirs ont retenti. «On a vraiment eu peur, dès qu'on a entendu les tirs, on s’est mis à courir. Le collègue de la voirie qui est blessé, je le connais très bien.» Un choc ressenti par les policiers: «C'est un drame partagé par toutes les forces de police, a commenté un membre de la Fédération Autonome de la Fonction publique territoriale sur place. En deux jours, trois agents abattus, c'est beaucoup. On a tous déjà compté des morts dans nos rangs mais pas de cette ampleur.»
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La BRI intervient en fin de matinée
A 11h40, des membres de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), très lourdement équipés, débarquent sur les lieux. Les agents de la BRI interviennent dans l’hôtel pour effectuer des perquisitions, selon un syndicaliste d’Alliance.
Un lien entre la tuerie à Charlie Hebdo et Montrouge?
Sous tous les fronts plissés, la même interrogation: peut-il y avoir un lien entre l’attaque de Charlie Hebdo et cette fusillade dans la banlieue sud de Paris? D’autant que les tireurs étaient toujours traqués ce jeudi après-midi. Les syndicats de policiers, prudents, soulignent qu’aucun lien ne peut être établi entre les deux drames. «Vous trouvez normal qu’un homme soit armé d’une kalachnikov et d’un gilet par balles ici? On s’est tous posé la question du lien avec Charlie Hebdo», assure Claude, gérant d’un magasin de matériel médical juste à côté des lieux du drame. Il a été informé par sa gardienne. «A 8h, elle m’a prévenu qu’une fusillade avait eu lieu dans l’avenue, reprend Claude. Avec elle et un policier on a arrêté le trafic.»
Enquête de la section antiterroriste
Nabil, 19 ans, a lui été alerté par un ami qui vit juste au-dessus de la scène de la fusillade. «Mon pote a entendu trois coups de feu. Il est descendu en caleçon et il a vu la femme à qui on faisait un massage cardiaque. Pour moi ça n’a aucun lien avec l’attaque d’hier [mercredi]. Il ne faut pas tout mélanger, c’est un accident qui a dégénéré.» Pour autant, c’est la section antiterroriste du parquet de Paris qui mènera l’enquête. Dans un communiqué, le procureur de la République explique cette décision «au vu du contexte actuel, de l'armement lourd de l'auteur des faits et du caractère délibéré d’un acte visant les forces de l'ordre.»