Attaque sur le marché de Noël à Nantes : «Tout le monde pense à un acte de mimétisme»
SOCIETE•Plusieurs spécialistes évoquent un effet d’entrainement après les trois attaques survenues en France en moins de 48h…Claire Planchard
Attaque à l’arme blanche samedi dans un commissariat de Joué-lès-Tours (Indre et Loire), voiture qui fonce dans la foule dimanche à Dijon (Côte-d’Or) puis lundi soir sur le marché de Noël de Nantes (Loire-Atlantique). Si ces trois actes isolés survenus en l’espace de 48h ne semblent pas relever de la même nature (terroriste apparemment pour le premier mais attaques de déséquilibrés pour les deux derniers), les similitudes dans le mode opératoire et le profil psychologiques fragiles des agresseurs posent néanmoins la question d'un éventuel effet d’entraînement.
Le «mimétisme» et «le passage à l'acte à des périodes festives sont des phénomènes connus en termes d'analyse psychiatrique», a expliqué ce mardi matin, Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement alors qu'une réunion ministérielle est prévue en fin de matinée à Matignon. Il a également appelé à éviter tout «amalgame totalement inopérant» après ces évènements»: «Ce n'est pas parce qu'une personne prend une image dominante dans la société à un moment donné, veut participer à une espèce de violence qui existe par ailleurs, que cette personne est animée en réalité par une problématique politique ou religieuse. Elle est animée par ses propres troubles mentaux, elle veut s'identifier en quelque sorte», a expliqué le ministre.
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«Un vecteur d’excitation»
«Forcément tout le monde pense à un effet d’entraînement ou en tout cas à un acte de mimétisme», confirmait aussi mardi matin dans le journal de 7h de France Inter Nicolas Comte, secrétaire général d'Unité police SGPFO. «Je me souviens qu’il y a quelques mois on m’interrogeait sur les clowns qui se baladaient dans les rues pour faire peur aux gens. C’était beaucoup moins grave mais il y avait un acte de mimétisme, rappelait-il. Peut-être qu’avec des individus très fragiles psychologiquement, on peut avoir ce genre de choses. Ce que j’espère évidemment comme tout le monde c’est qu’il n’y ait pas une trop forte contagion».
Interrogé dans Le Parisien, l’expert psychiatre Roland Coutanceau partage la même analyse. «Dans le cas de Nantes, l’hypermédiatisation de l’événement de Dijon a pu influencer une sorte de mimétisme chez l’auteur dans le choix du mode opératoire pour tuer, explique-t-il. Il faut être prudent sur une comparaison des affaires. Et, rassurons-nous, la médiatisation d’un acte hors norme n’a pas d’effet épidémique. Cela dit, on ne peut pas exclure que la diffusion en boucle d’un tel acte dans les médias agisse comme un vecteur d’excitation, un ingrédient supplémentaire pour celui qui aurait décidé d’agir. Comme un élément catalyseur de sa détermination.»