OTAGEVIDEOS. Libération de Lazarevic: Quatre interrogations qui restent sans réponse

VIDEOS. Libération de Lazarevic: Quatre interrogations qui restent sans réponse

OTAGELa classe politique et les médias tentent de connaître les dessous de sa libération…
B.D., W.M.

B.D., W.M.

Libéré. Mais pas délivré des interrogations qui entourent son retour en France. A peine le pied posé à l’aéroport de Vélizy-Villacoublay, Serge Lazarevic n’échappe pas aux regards critiques des médias et responsables politiques qui veulent connaître les dessous de sa libération.

A-t-il été échangé contre des prisonniers?

L'otage français Serge Lazarevic a été libéré en échange de plusieurs djihadistes emprisonnés au Mali, y compris l'organisateur de son enlèvement, ont déclaré une source de sécurité malienne et des ONG. Le responsable de la sécurité a précisé à l'AFP par ailleurs qu'un «bras droit» d'Iyad Ag Ghali, chef touareg malien du groupe djihadiste Ansar Dine qui a récemment appelé à «combattre la France», avait été au centre des tractations qui ont abouti à la libération de l'otage dans le nord du Mali avant sa remise au Niger mardi.

Cet échange a été critiqué par un collectif d’organisations de défense des droits de l’homme. «Tout en saluant la libération de Serge Lazarevic, nos organisations restent indignées», ajoutent ces ONG parmi lesquelles la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), l'Association malienne des droits de l'homme (AMDH) et la section malienne d'Amnesty International.

Une rançon a-t-elle été versée?

Pour l’heure, impossible de dire avec précision si des contreparties financières ont été versées. Et si c’était le cas, à quel montant. Mais des responsables politiques s’y risquent. Le président du MoDem, François Bayrou, a estimé «qu'il y [avait eu] des contreparties». «Mais si c'est votre frère, votre fils ou père, vous considérez qu'elles sont bienvenues». De même, pour Alain Marsaud, député UMP des Français de l’étranger et ex-juge antiterroriste, «on a été amenés à payer une rançon […]. Mais c’est normal».



La France ne paie officiellement pas de rançon. «Personne ne dira le montant de la rançon, ni même qu’il y a eu versement d’une rançon. Mais il est évident qu’il y a eu une contrepartie: il serait illogique pour un groupe comme Aqmi de libérer des otages sans cela», explique, contacté par 20 Minutes, Lemine Ould M. Salem, correspondant pour le Sahel de La Tribune de Genève et Sud Ouest et auteur de Le Ben Laden du Sahara (éd. La Martinière).

Quelles ont été les conditions de sa détention?

L’ex-otage a-t-il été torturé? Face aux caméras, Serge Lazarevic a été très discret au sujet des conditions de sa détention. A peine, a-t-il adressé un «dans l’ensemble, ça a été». Il a assuré que ses ravisseurs n’étaient pas «agressifs» et s’étaient comportés «dans l’ensemble» correctement avec lui. Mais selon France Info, «ça» a été plus difficile que ce qu’il a bien voulu dire. La radio, qui a pu recueillir les confidences d’une «personne» qui l’a entendu dans l’avion, rapporte qu’il a «connu des conditions de détention très dures avec des sévices et des tortures». Il aurait été contraint de faire des corvées très éprouvantes et aurait passé un mois entravé sans pouvoir bouger. Il a par ailleurs été malade à plusieurs reprises.

Qui est vraiment Serge Lazarevic?

Derrière ce molosse d’1m90 et de plus d’un quintal, un passé trouble se dessine. Faisait-il partie du renseignement français? C’est comme cela, lors de leur enlèvement, qu’Aqmi avait présenté les deux otages français. Les autorités maliennes avaient fait part de leur étonnement constatant que les deux hommes ne s’étaient présentés «ni à l’ambassade, ni au consulat». Par ailleurs, Pascal Lupart, président de son comité de soutien est un ancien membre des forces spéciales.

De plus, plusieurs sources avaient relevé le passé trouble des deux otages en Afrique, notamment Didier François, grand reporter à Europe 1, avant d’être à son tour otage en Syrie. Dans un article daté de 2011, il écrivait que, «Serge Lazarevic apparaît dans une procédure judiciaire en Serbie, visant un réseau clandestin financé par le contre-espionnage français». Ce réseau devait selon la justice serbe assassiner le président Slobodan Milosevic. «Deux ans auparavant, l’homme, d’origine hongroise, poursuit Didier François, aurait également participé au recrutement de mercenaires yougoslaves envoyés combattre au Zaïre, pour soutenir le régime du président Mobutu. Là encore, cette opération, bien que privée, était suivie de très près par une des agences française de renseignement.»