Femme dans un métier «masculin»: «J'ai senti que j'avais moins le droit à l'erreur qu'un homme»
TEMOIGNAGE•Alors que le forum de la mixité s'est ouvert ce lundi à Paris, Sandrine, responsable industrielle, raconte les obstacles qu'elle a dû franchir pour s'intégrer dans un univers masculin...Delphine Bancaud
Elle a su se faire une place dans un univers masculin. A 46 ans, Sandrine est devenue responsable industrielle dans une entreprise gestionnaire de réseau de transport de gaz. Alors que le forum de la mixité s'est ouvert ce lundi à Paris, cette ingénieure passionnée se souvient de tous les combats qu'il a fallu mener pour en arriver là.
Loin de se dire que les écoles d'ingénieurs étaient l'apanage des garçons, Sandrine a décidé de s'orienter dans cette voie et a obtenu son diplôme, en se spécialisant en chimie des procédés. Lorsqu'elle décroche son premier poste d'ingénieur des procédés, elle comprend pourtant vite qu'elle n'est pas tout à fait une salariée comme les autres. «J'ai senti que j'étais beaucoup observée et que j'avais moins le droit à l'erreur qu'un homme», confie-t-elle. Elle avoue même avoir rencontré quelques difficultés à s'intégrer dans un univers masculin.
A l'épreuve des rapports de force
Lorsqu'elle devient mère, Sandrine découvre aussi la difficulté d'avoir à gérer une «charge de travail énorme avec beaucoup de pression», tout en tentant de préserver sa vie personnelle. «Dans l'une de mes précédentes entreprises, on ne prenait pas en compte le fait que j'avais un enfant et l'on m'imposait des réunions très tardives», se souvient-elle. Sandrine comprend aussi que dans un univers professionnel masculin, il faut aussi parfois jouer des coudes: «Les relations avec certains de mes collègues tournaient aux rapports de force, alors que j'aurais aimé privilégier le dialogue».
Pour évoluer, l'ingénieure apprend aussi à se faire moins discrète.«Alors que certains de mes collègues ne mettaient en avant que leurs réussites, j'avais parfois tendance à focaliser sur les détails que j'avais négligés. J'ai vite compris que cela pouvait m'être préjudiciable», analyse-t-elle.
Une belle carrière au bout des combats
Mais forte de son expérience et de son intelligence des situations, Sandrine a réussi à s'imposer: «J'ai pris des coups, mais j'ai toujours fini par obtenir les postes que j'ai voulus», se félicite-t-elle. Lorsqu'elle a obtenu ses galons de manager, elle a su piloter avec brio des équipes essentiellement masculines. «Si certains de mes collègues se sont montrés parfois très susceptibles, avec la majorité d'entre eux, nous avons su travailler en bonne intelligence».
Aujourd'hui Sandrine estime même tirer des avantages de sa féminité: «Je sais me montrer patiente, à la fois douce et ferme dans mes relations professionnelles».
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