Bordeaux: Un deuxième père soupçonné d'avoir jeté son bébé dans la Garonne
FAITS DIVERS•Les enquêteurs cherchent un lien entre les deux faits divers qui se sont produits à dix jours d'intervalle...20 Minutes avec AFP
Deux bébés jetés dans la Garonne à dix jours d'intervalle. Un conflit parental semble avoir dégénéré une nouvelle fois à Bordeaux où un homme est soupçonné d'avoir jeté sa fillette de 21 mois dans le fleuve.
Le 13 novembre, un chômeur de 30 ans, originaire du Togo, avait déjà été mis en examen à Bordeaux pour des faits similaires après une dispute avec sa compagne.
Dimanche, c'est un employé de supermarché de 34 ans qui a été mis en examen pour «homicide volontaire sur mineur de moins de quinze ans». L'homme est soupçonné d'avoir jeté son enfant depuis un pont situé dans le centre de Bordeaux. Les faits sont passibles de la réclusion criminelle à perpétuité.
Depuis le début de l'affaire, l'homme, en conflit ouvert avec la mère pour la garde de l'enfant, affirme que la fillette a fait une chute accidentelle. Sa version des faits n'a pas convaincu les enquêteurs. « Nous avons un faisceau d'éléments qui permettent de remettre en cause la version » du père de famille, a dit à l'AFP le parquet, qui a requis son placement en détention provisoire.
Un accident selon le père
Les faits remontent à vendredi soir. L'homme, domicilié dans les environs de Libourne (Gironde), avait alerté les pompiers vers 20h, affirmant, affolé, que sa fillette, dont il avait la garde, venait de tomber dans le fleuve alors qu'ils se promenaient sur le Pont de pierre, pont historique du centre-ville.
Les pompiers avaient immédiatement déclenché des recherches terrestres et fluviales. Deux embarcations, dont une équipée d'une caméra thermique, avaient sondé le fleuve et des battues terrestres avaient été menées sur les deux rives. En vain. L'homme avait été rapidement placé en garde à vue.
Selon le père de famille, la fillette marchait sur la rambarde métallique du pont lorsqu'elle aurait donné un coup de pied, ce qui l'aurait déséquilibrée puis fait basculer dans la Garonne, connue, dans sa partie bordelaise, pour ses forts courants en raison de l'influence des marées.
Le père jugé peu crédible
Un scénario considéré comme «peu vraisemblable» et relaté par le suspect de manière «peu crédible », selon une source proche de l'enquête. D'autant qu'aucun témoin n'aurait assisté à la scène dans une zone considérée comme plutôt passante le vendredi en début de soirée.
Parallèlement, les parents, séparés depuis l'été, vivaient une rupture « très conflictuelle» et se disputaient la garde de l'enfant, a précisé le parquet. Une procédure judiciaire était notamment en cours devant le tribunal de Libourne qui devait se prononcer très prochainement sur le cas.Selon les premiers examens, aucun trouble psychiatrique n'a par ailleurs été décelé et l'hypothèse de la remise de l'enfant à un tiers n'est pas envisagée.
Inspiré par un précédent drame?
Interrogé sur la possibilité que le premier drame ait pu inspirer l'auteur du deuxième, le représentant du parquet a appelé à la «prudence», tout en reconnaissant: « On s'est tous posé la question ».
Le 11 novembre, le père d'un bébé de quatre mois et demi s'était dénoncé auprès de passants, affirmant qu'il venait de jeter son nourrisson dans la Garonne depuis les quais du centre-ville. Aucun témoin n'avait, là non plus, assisté à la scène et l'homme n'avait guère fourni d'explication précise sur les circonstances ou motivations de son geste.
L'enquête avait toutefois montré que les parents connaissaient une « vive tension conjugale » dans les jours précédant les faits. L'homme, lui aussi mis en examen pour homicide volontaire sur mineur de moins de quinze ans, a été incarcéré. Le corps du bébé n'a pas été retrouvé.