Société Générale: Dernière chance pour Jérôme Kerviel d’obtenir une expertise indépendante
JUSTICE•La cour d’appel de Versailles (Yvelines) doit examiner, ce jeudi, la demande de l’ancien trader…Vincent Vanthighem
L’affaire a éclaté il y a plus de six ans. Mais, d’après Jérôme Kerviel, «personne n’a jamais vraiment vérifié» si la Société Générale avait bien perdu 4,9 milliards d’euros sur les marchés à cause de lui. L’ancien trader sera, ce jeudi, devant la cour d’appel de Versailles (Yvelines) pour tenter d’obtenir, une nouvelle fois, une «expertise indépendante» sur l’affaire qui porte son nom depuis 2008.
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«Ces expertises existent déjà, d’une part à cause de la Commission bancaire, qui a relevé les fautes de la Société Générale, d’autre part parce que le préjudice a été vérifié par les services fiscaux, par l’Inspection générale des finances, les commissaires aux comptes», a déclaré, de son côté, Jean Veil, l’un des avocats de la Société Générale.
Qui a gagné l’argent?
Jérôme Kerviel n’a jamais nié avoir pris des positions risquées sur les marchés. Mais il conteste l’avoir fait dans le dos de sa hiérarchie et surtout le montant des pertes qu’il est accusé d’avoir occasionné. «Si la Société Générale a perdu de l’argent, quelqu’un l’a gagné, lance comme une évidence, David Koubbi, l’avocat du trader. On voudrait savoir qui et dans quelles conditions. On voudrait s’assurer que ce n’est pas la Société Générale elle-même, par exemple.»
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Le 19 mars, la Cour de cassation avait confirmé la condamnation pénale du natif de Pont-l’Abbé (Finistère) mais avait invalidé le volet civil qui prévoyait que le trader rembourse 4,9 milliards d’euros à son ancien employeur, renvoyant cette question devant la cour d’appel de Versailles pour un nouveau procès. «Ce n’est plus l’affaire Kerviel, cela va devenir l’affaire Société Générale», s’étaient alors réjouis Jérôme Kerviel et son avocat.
«Je veux récupérer mon nom»
Libéré de prison sous bracelet électronique, le 8 septembre 2014, Jérôme Kerviel tente depuis de retrouver ses marques après 112 jours de détention passés à l’isolement. S’il pensait que sa sortie serait «plus simple que ça» et qu’il est toujours habité «par des moments de doute», celui que les médias anglo-saxons ont baptisé le rogue trader (trader voyou) n’est pourtant pas près de baisser les bras.
«Le nom que mon père m’a transmis a été complètement traîné dans la boue, confiait-il récemment à 20 Minutes. Il est synonyme d’escroc alors que je ne me suis pas enrichi dans cette affaire. Je veux récupérer mon nom.» C’est à la cour d’appel de Versailles de commencer à en décider.