SOCIETEGestion «archaïque», «système clientéliste», finances «inquiétantes»: L'Igas publie un rapport sévère sur les Hôpitaux de Marseille

Gestion «archaïque», «système clientéliste», finances «inquiétantes»: L'Igas publie un rapport sévère sur les Hôpitaux de Marseille

SOCIETEL’inspection générale des affaires sociales alerte notamment sur l’influence des organisations syndicales…
Hôpital de la Timone, Marseille, illustration
Hôpital de la Timone, Marseille, illustration - ANNE CHRISTINE POUJOULAT/AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Gestion «archaïque», «système clientéliste», finances «inquiétantes», «privilèges» accordés au syndicat majoritaire: l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) a publié mardi soir un rapport accablant sur la situation de l'Assistance publique - Hôpitaux de Marseille (AP-HM). «L'inertie qui a caractérisé l'établissement pendant des années et la prégnance du poids politique et d'organisations syndicales fortes sont des freins réels à la restauration d'un fonctionnement normal de l'établissement», résument les auteurs. «La bonne distance entre la mairie et les instances de l'AP-HM n'est toujours pas trouvée», selon le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales, commandé en mars 2013 par la ministre de la Santé Marisol Touraine.

Recrutements sur recommandations d’élus

«Il doit être mis un terme au système clientéliste qui a longtemps prévalu», intime l'Igas, qui développe: «Un grand nombre de recrutements de personnels non qualifiés est intervenu pendant de nombreuses années sur recommandations d'élus. Un certain nombre de ces agents, qui se considèrent protégés posent des problèmes en raison de leur comportement irrespectueux voire menaçant vis-à-vis des cadres de proximité dont certains sont découragés.»

La mission de l'Igas s'étonne, en outre, que les réunions du conseil de surveillance «aient toujours lieu à la mairie de Marseille et non dans les locaux l'établissement» et recommande qu'elles se tiennent désormais au sein de l'établissement. L'Igas cible également les «privilèges» accordés au syndicat majoritaire Force ouvrière: «Il convient de mettre fin à la situation réservée à une organisation syndicale (...) fût-elle majoritaire, et de la considérer comme les autres, sans privilège d'information et en évitant de lui laisser son rôle traditionnel de conseil en recrutement.»

Fort endettement

Par ailleurs, l'Igas juge «inquiétante» la situation financière de l'AP-HM, «très fortement endettée» à cause notamment «d'une politique d'investissement ambitieuse et coûteuse». La dette de l'AP-HM a atteint un milliard d'euros fin 2012 et «l'objectif de retour à l'équilibre est toujours repoussé» et «n'est actuellement prévu qu'en 2014», déplore l'Igas. «Les efforts pour y parvenir sont encore insuffisants», estime l'Inspection, alors que c'est un enjeu «fondamental pour assurer l'avenir de l'AP-HM». Outre la réduction de la dette, l'Igas prône donc la mise en oeuvre «sans délai d'un plan d'actions pour assurer la fiabilité et la sincérité des comptes».

Le rapport est aussi cinglant concernant l'organisation de l'établissement. «Des activités sont gérées de manière archaïque», assène l'Igas, qui cite notamment la gestion «sous forme papier» des archives «sans cohérence entre les différents sites» de l'AP-HM. Autre point noir: la situation «toujours préoccupante» de l'informatique. En février 2012, un rapport de la Cour des comptes constatait l'échec de l'informatisation du dossier-patient, qui avait engendré une dépense «largement voire totalement inutile» d'«au moins 14 millions d'euros». «Au moment des investigations de la mission, tous les enseignements tant sur le plan financier qu'organisationnel n'ont pas été tirés», assure l'Igas.

«L'ARS PACA doit exercer, plus qu'elle ne l'a fait au cours des dernières années, ses missions de contrôle, d'évaluation et de suivi de la gestion et de l'évolution de l'AP-HM», conclut le corps de contrôle interministériel du secteur social. L'Assistance publique - Hôpitaux de Marseille (AP-HM), troisième CHU de France, emploie environ 15.000 agents sur quatre sites.