JUSTICEFresnes: Deux adolescentes détenues dans une prison pour adultes

Fresnes: Deux adolescentes détenues dans une prison pour adultes

JUSTICEDeux jeunes filles de moins de 18 ans ont été jugées comme des adultes et sont incarcérées dans une prison qui ne dispose pas d’un quartier réservé aux mineurs…
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

Elles sont encore mineures, mais la justice les a jugées et condamnées comme des adultes. Accusées du vol d’un portefeuille, les deux jeunes Serbes ont écopé d’une peine d’emprisonnement de quatre mois ferme. Une peine qu’elles purgent à la maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne), une prison pour adultes.

Elles avaient déclaré être majeures

Les faits se sont déroulés en août dernier. Trois jeunes filles accusées du vol en réunion d’un portefeuille passent en comparution immédiate au tribunal correctionnel de Créteil. La majorité de l’une d’entre elles est avérée. Les deux autres, des sœurs, visiblement plus jeunes, refusent de se soumettre à un test osseux pour déterminer leur âge et déclarent au cours de leur garde à vue avoir plus de 18 ans. Leur identité et leur âge exacts ne sont pas déterminés au jour de l’audience, mais puisqu’elles déclarent être majeures, elles sont jugées comme telles et incarcérées à la maison d’arrêt de Fresnes. «Il était pourtant manifeste qu’elles étaient très jeunes et mineures», déplore Me Romuald Sayagh, l’avocat des deux adolescentes contacté par 20 Minutes. Trois jours plus tard, les agents de la maison d’arrêt réclament un test osseux dont le résultat démontre que les adolescentes sont âgées de 15 et 17 ans. Comme en atteste le certificat de naissance des deux Serbes.

Tolérance zéro

Mais il est trop tard, et l’établissement de Fresnes ne dispose pas de quartier réservé aux mineurs. L’avocat des deux sœurs préfère ne pas faire appel, vu «les délais trop longs, cela n’aurait servi à rien», assure-t-il. Il saisit le Défenseur des droits, qui alerte le procureur de la République. Mais en l’absence de saisine de la justice, rien ne peut être fait. L’avocat s’étonne tout de même du déroulement de la procédure «face à la jeunesse évidente de ces filles, dont une semble être une enfant». «L’une d’elles avait un casier vierge et sa sœur aînée avait déjà été condamnée une fois pour des faits similaires», poursuit-il. «Mais il y a une lassitude des juridictions face à ce genre de larcins, avec une tolérance zéro», estime l’avocat, qui «ne pense pas que ses clientes fassent partie d’un réseau organisé de type Hamidovic».

D’après le Défenseur des droits, si la minorité des jeunes filles est avérée, elles devraient purger la fin de leur peine dans un établissement adapté. Mais, condamnées à quatre mois de prison, les deux sœurs resteront incarcérées à Fresnes avant leur libération le 24 octobre prochain.