FAMILLEPolitique familiale: Qui sont «Les Bébés révoltés et leurs familles»?

Politique familiale: Qui sont «Les Bébés révoltés et leurs familles»?

FAMILLECe collectif s'oppose à la politique familiale du gouvernement, notamment à la réduction du congé parental...
Nicolas Beunaiche

Nicolas Beunaiche

Le gouvernement a désormais les «bébés» contre lui. Dans la foulée de l’annonce, fin septembre, de sa volonté de faire plus de 700 millions d’euros d’économies sur la branche famille de la Sécurité sociale dans le budget 2015, des milliers de parents se sont mobilisés sur Facebook sous le nom de «Bébés révoltés». Puis, le 8 octobre, ce mouvement spontané est devenu un collectif répondant au nom de «Bébés révoltés et leurs familles». Depuis, il a pris de l’ampleur et gagné en reconnaissance, au point d’être reçu par la commission des affaires sociales de l’Assemblée mardi. Mais qui sont ces «bébés en colère»? 20 Minutes dessine leur arbre généalogique.

Des enfants de La Manif pour tous?

Oui et non, mais plus non que oui. A l’origine du mouvement se trouve une page Facebook tenue par quatre mères, dont Linda Fédèle, créatrice du groupe en 2012, et Marie-Laure des Brosses, présidente du Mouvement mondial des mères (MMM) France et soutien personnel de La Manif pour tous. Depuis le 8 octobre, trois associations les ont rejointes: MMM, mais aussi l’Union des familles en Europe et Familles de France, une organisation partenaire de La Manif pour tous. Un lien de parenté existe donc. Ludivine de La Rochère, la présidente du mouvement anti-mariage homo, a d’ailleurs tenté d’en profiter en appelant «ces mères en colère» à rejoindre la manifestation contre la GPA dans L’Express. Sans succès, selon Thierry Vidor, le directeur général de Familles de France: «Le collectif des Bébés révoltés n’a rien à voir avec La Manif pour tous, il ne faut faire aucun amalgame.»

Des frères ennemis du gouvernement?

Thierry Vidor l’assure: le collectif n’a «aucun lien avec une quelconque organisation politique, confessionnelle ou syndicale». Mieux: «Les membres des Bébés révoltés sont de tous horizons, votent à gauche comme à droite.» Si le nombre de ces Français en colère est encore un mystère –la page Facebook compte plus de 12.000 membres, mais le collectif dans son ensemble attend de se structurer pour connaître ses effectifs-, leur portrait-robot est connu. Un questionnaire a été rempli par 4.275 d’entre eux. Selon les résultats dévoilés par Le Figaro, le parent en colère serait une femme (à 89%), mère d’un ou deux enfants, employée (à 69%), avec un niveau de salaire (en période d’emploi) inférieur au smic (à 60%) et habitant dans une petite ville ou en milieu rural. «En somme, ce ne sont pas des parents de familles aisées», résume Thierry Vidor.

Des parents pauvres de la politique familiale?

Selon le collectif, les parents se sentent lésés par le gouvernement, et regrettent principalement deux mesures: la réduction du congé parental pour les pères et mères qui ne voudront ou ne pourront pas partager ce congé et la diminution de la prime de naissance, à partir du deuxième enfant. L’idée du mouvement n’est pas d’aller contre «l’objectif de l’égalité dans le couple», précise Thierry Vidor. D’ailleurs, ajoute-t-il, «le collectif ne s’opposerait pas au rabot du congé parental si l’Etat garantissait la garde des enfants». Problème: selon lui, entre le manque de places en crèches (10% des bébés sont concernés par ce mode de garde) et le nombre limité d’assistantes maternelles (20% des bébés), ce sont 500.000 places qui manqueraient. Reste la solution de la nounou, très chère, et celle du père évidemment. Mais pour Thierry Vidor, cette dernière s’avère coûteuse pour les familles, étant donné que les revenus du père sont bien souvent supérieurs à ceux des mères. «Avant de prendre ce type de mesures, il faudrait d’abord régler le problème des inégalités salariales», en conclut-il.