SOCIALAir France: Les pilotes en grève exigent une médiation, rejetée par Matignon

Air France: Les pilotes en grève exigent une médiation, rejetée par Matignon

SOCIALLe SNPL demandait la nomination d'un médiateur comme condition à un arrêt de la grève...
Les avions d'Air France cloués au sol à Roissy, le 24 septembre 2014
Les avions d'Air France cloués au sol à Roissy, le 24 septembre 2014 - Stéphane de Sakutin AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Malgré une accentuation des pressions pour arrêter la grève, les pilotes d'Air France ont conditionné ce vendredi soir la fin du conflit à la nomination d'un médiateur indépendant, une proposition rejetée par Matignon.

La compagnie aérienne avait annoncé dans l'après-midi avoir proposé aux syndicats de pilotes un plan «de sortie de crise» sur la base inchangée de son projet Transavia France, la filiale low cost hexagonale.

Un porte-parole de la compagnie a déclaré dans la soirée, après l'annonce par Matignon du rejet de la demande syndicale, que la situation de l'entreprise était «extrêmement délicate».

Une «incapacité à mener un dialogue social respectueux»

Selon les termes du protocole, la direction maintient la nécessité d'employer les pilotes «aux conditions d'exploitation et de rémunération de Transavia France, afin de garantir la compétitivité de cette dernière ainsi que son développement en complémentarité avec le réseau Air France».

«Les propositions faites par la direction d'Air France ne répondent pas aux préoccupations de la profession», a réagi dans la soirée le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL, majoritaire) dans un communiqué, estimant que le PDG du groupe d'Air France-KLM Alexandre de Juniac «a démontré son incapacité à mener un dialogue social respectueux».

Pour mettre un terme à la situation, «nous demandons que le gouvernement nomme au plus vite un médiateur indépendant», a indiqué le porte-parole du SNPL, Guillaume Schmid.

«Il n'y a pas lieu de relancer une nouvelle négociation avec un médiateur»

Une proposition aussitôt rejetée par Matignon, qui a jugé qu'une solution de sortie du conflit était déjà «sur la table».

«Les médiations sont utiles lorsque le dialogue social n'a pas lieu, dans le cas d'Air France il a eu lieu. Depuis 12 jours la négociation a été intense, des avancées ont été faites par la direction. La négociation est maintenant arrivée à son terme», a fait savoir le cabinet du Premier ministre Manuel Valls dans une déclaration.

«Il n'y a pas lieu de relancer une nouvelle négociation avec un médiateur. Chacun est maintenant face à ses responsabilités», a-t-on précisé.

«L'attitude égoïste» des pilotes

Manuel Valls avait dans l'après-midi stigmatisé «l'attitude égoïste» des pilotes de ligne, en grève depuis le 15 septembre contre les conditions de développement de la filiale low cost de la compagnie aérienne, Transavia.

Il avait demandé aux grévistes de renoncer à leur revendication principale -un «contrat unique» pour les pilotes d'Air France et de Transavia-, jugeant cette demande incompatible avec le modèle du low cost.

Mais les pilotes craignent de voir leur statut Air France (avantages au comité d'entreprise, couverture santé, temps de récupération plus longs) fondre au profit de celui proposé chez Transavia, moins avantageux.

Le préavis de grève du SNPL court jusqu'à mardi 30 septembre inclus. Le Spaf, deuxième syndicat représentatif, s'est aligné vendredi sur cette date, accusant la direction d'être « responsable du pourrissement de la situation ».

Un vol sur deux assuré samedi

Samedi, la compagnie a prévu d'assurer plus d'un vol sur deux, une légère amélioration par rapport à la veille (48%). Vendredi, les taux d'annulation sont restés très élevés à Marseille (85%), Toulouse (84%) et Nice (69%), contrairement à Rennes (25%).

A Roissy, l'impact de la grève était «conforme aux prévisions», avec «près de 50% de vols annulés», selon une source aéroportuaire, qui évoque un chiffre inférieur (47%) pour Orly.

Comme depuis le 15 septembre, au premier jour de la mobilisation, les grévistes resteront majoritaires samedi, à 57% selon les chiffres communiqués par l'entreprise.

Même en cas de sortie de crise rapide, le retour à la normale dans les aéroports ne s'effectuerait pas avant deux ou trois jours.

A la Bourse, l'enlisement des négociations s'est traduit par une baisse de 15% du titre Air France-KLM depuis le 11 septembre.

Durée record

Détenu à 16% par l'Etat, AF-KLM, numéro deux européen derrière l'allemand Lufthansa, n'entend pas sacrifier ses ambitions dans le transport aérien à bas coût, où se nichent des «opportunités de croissance», selon son PDG Alexandre de Juniac.

Son plan stratégique « Perform 2020 », qui prendra en janvier le relais du plan de restructuration «Transform 2015», vise à tenter de combler le retard pris face à Ryanair et easyJet, les deux poids lourds du secteur.

Vendredi midi, une manifestation de salariés opposés à la grève a rassemblé «au maximum 200 personnes» devant le siège d'Air France à Roissy, selon une source aéroportuaire.

La grève, d'une durée record pour les pilotes, coûterait 15 à 20 millions d'euros par jour, selon les chiffres de la direction. Soit une facture qui atteint vendredi entre 180 et 240 millions d'euros.