INTERVIEWGeneviève Fioraso: «Parvenir à 200.000 étudiants en alternance dans le supérieur d’ici dix ans»

Geneviève Fioraso: «Parvenir à 200.000 étudiants en alternance dans le supérieur d’ici dix ans»

INTERVIEWLa secrétaire d'Etat chargée de l'Enseignement supérieur dévoile à «20 Minutes» ses pistes pour développer l'apprentissage dans les établissements du supérieur...
Lille, le 3 fŽvrier 2014. Pierre Moscovici, ministre de l'Economie et des Finances, Genevive Fioraso, ministre de l'Enseignement SupŽrieur et de la Recherche, et Philippe Fontaine Vive, vice-prŽsident de la Banque EuropŽenne d'Investissement (BEI), inaugurent le restaurant universitaire de la facultŽ de droit.
Lille, le 3 fŽvrier 2014. Pierre Moscovici, ministre de l'Economie et des Finances, Genevive Fioraso, ministre de l'Enseignement SupŽrieur et de la Recherche, et Philippe Fontaine Vive, vice-prŽsident de la Banque EuropŽenne d'Investissement (BEI), inaugurent le restaurant universitaire de la facultŽ de droit. - M.Libert/20 Minutes
Delphine Bancaud

Propos recueillis par Delphine Bancaud

Donner un coup d’accélérateur à l’alternance dans l’enseignement supérieur. C’est l’une des priorités que s’est fixée pour l’année 2014-2015 la secrétaire d'Etat chargée de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso. Elle insistera sur cette ambition lors de sa conférence de presse de rentrée ce mercredi. En avant-première pour 20 Minutes, elle annonce ses objectifs chiffrés.

Quelle est votre ambition pour développer l’alternance dans le supérieur?

Je me suis fixé un objectif réaliste: parvenir à 150.000 étudiants en alternance d’ici à la fin du quinquennat et 200.000 d’ici dix ans, contre 135.000 aujourd’hui. Cela s'inscrit dans le cadre de l'objectif de 500.000 apprentis en 2017 fixé par le Président de la République. C’est tout à fait réalisable puisque le nombre d’apprentis dans le supérieur a bondi de 75% en dix ans. Les étudiants ont compris que l’alternance n’était pas l’apanage des filières professionnelles, mais qu’elle leur était aussi destinée. Ils savent aussi que c’est un excellent moyen de financer leurs études et de favoriser leur insertion professionnelle. D’ailleurs en 2013, sept mois après la fin de leur formation dans le supérieur, 77% des ex-apprentis avaient un emploi.

La proportion d’alternants en licence (11% en 2013) et en master (9,4%) est faible. Comment développer l’alternance à ces niveaux?

En motivant les universités pour qu’elles nouent des conventions avec les régions et les entreprises dans ce domaine. Elles doivent s’inspirer de l'exemple de l’université de Marne-la-Vallée qui compte 23% d’alternants. Elle s'est tournée vers le milieu économique et arrive à bien insérer ses étudiants.

Justement, les entreprises critiquent souvent la non-adéquation des formations universitaires avec leurs besoins. N’est-ce pas un frein à l’essor de l’alternance?

L’alternance c’est le meilleur moyen de faire évoluer certaines formations universitaires. Les entreprises ont besoin des compétences des étudiants issus de l'université, qui ont une capacité d’analyse importante et sont très méthodiques. Mais les universités ont encore besoin d’aller davantage vers les entreprises en développant le travail par projet, les missions de groupe… Le comité Sup’emploi créé en décembre 2013 devrait aussi contribuer à rapprocher les universités des entreprises.

Les incitations financières pour l’embauche d’un apprenti sont-elles suffisantes pour les entreprises?

Le Président de la République a annoncé vendredi que la prime de 1.000 euros pour l’embauche d’un apprenti supplémentaire serait élargie aux entreprises jusqu’à 250 salariés (contre les moins de 50 auparavant). Cette mesure va porter ses fruits, car les PME et les entreprises de taille intermédiaire sont celles qui créent le plus d’emplois en France. Elles vont accueillir de ce fait davantage de jeunes en alternance.

Un alternant sur cinq ne va pas jusqu’au bout de son contrat. Comment diminuer ces échecs?

Une partie des 1.000 postes créés dans l’enseignement supérieur à cette rentrée sont orientés vers l’insertion des étudiants et vont permettre de développer les tuteurs pour les alternants dans les universités. Ces derniers seront notamment chargés d'accompagner les jeunes dans ces formations professionnalisantes et de faire le lien avec les entreprises.