Internat de la réussite: «Ici, c’est notre dernière chance de nous réconcilier avec les études»
REPORTAGE•En cette rentrée, 50 internats de la réussite accueillent 4.000 élèves. «20 Minutes» a visité celui du collège Les Touleuses à Cergy-Pontoise (Val-d’Oise)...Delphine Bancaud
Il est 17h30 ce lundi, mais l’heure n’est pas à la décontraction pour les 30 internes du collège Les Touleuses à Cergy-Pontoise (Val-d’Oise). Tous se rendent sans broncher à leur séance d’études dirigées. Car ils se sont engagés à travailler avec sérieux pour intégrer cet internat de la réussite, qui vise à offrir de bonnes conditions d’études aux jeunes n’en bénéficiant pas forcément chez eux. «Nous accueillons des élèves dont les difficultés sociales et familiales empêchent la réussite. Et dont nous détectons le potentiel scolaire, sans que ce soit pour autant des premiers de la classe», précise Alain Peyny, me principal du collège.
Encadrés par un enseignant et des assistants d’éducation, les élèves sortent cahiers et livres pour plancher pendant une heure et demie. Elise, en 3e révise les figures de style: «C’est ma troisième année à l’internat. Dans mon ancien collège, je n’étais pas motivée pour travailler. Mais ici, j’ai acquis des méthodes de travail», confie-t-elle. «On leur réapprend à apprendre. Et chaque semaine on fait le point sur leurs difficultés et les progrès qu’ils ont à faire, aussi bien sur le plan scolaire que comportemental. Le collège, c’est le dernier stade pour les aider à devenir autonomes», explique Martine Lavanchy, chargée de la coordination pédagogique de l’internat, qui passe dans les rangs pour aider chacun. D'octobre à avril, le collège bénéficie aussi de l'aide de deux polytechniciens en service civil qui vivent à l'internat et épaulent les élèves au quotidien.
Des règles de vie assez strictes
«Chez moi impossible de travailler avec mes cinq frères et sœurs. Il y avait trop de bruit. Ici, les devoirs c’est moins difficile et l’ordre des choses me plaît», confie Elie, en 4e. Tarek, 11 ans, acquiesce: «Mon maître de CM2 trouvait que je travaillais bien mais avait peur que je fasse des bêtises en passant en collège à Argenteuil. Ici, ça ne risque pas, on a beaucoup de travail et on se couche tôt». L’extinction des feux à 21h15 pour les plus petits et à 21h45 pour les plus grands ne remporte d’ailleurs pas tous les suffrages. «Les règles sont un peu militaires ici et c’est dur à supporter. On a droit au portable qu’une heure par jour et tout est minuté. Mais je sais que le jeu en vaut la chandelle et que c’est une chance d’être là», confie Kenza, nouvelle à l’internat. «Et puis ici c’est notre dernière chance de se réconcilier avec les études. D’ailleurs, c’est bien parti pour que j’ai mon brevet cette année», affirme Inès, 15 ans, interne depuis l’an dernier. La jeune fille apprécie aussi les activités sportives et culturelles qui lui sont proposées le mercredi après-midi. «L’an dernier, j’ai choisi cinéma et arts créatifs, c’était super», s’enthousiasme-t-elle.
Un modèle pédagogique et éducatif qui réussit, selon Alain Peyny: «Seulement 10% des élèves en moyenne ne finissent pas l’année. Soit parce que l’éloignement familial est trop dur à supporter pour eux, soit parce qu’ils n’ont pas pu s’adapter aux exigences». «Mais pour les autres, l’internat c’est un viatique pour l’avenir», affirme Martine Lavanchy. «En 2012-2013, 95% des internes de 3e sont passés en seconde et 80% en 2013-2014. Et le taux de réussite au brevet a été de 100% pour les deux années. On a même réussi à rescolariser des ex-absentéistes ou des élèves qui étaient atteints d’une phobie scolaire», se félicite Alain Peyny. «Mes résultats scolaires se sont améliorés, surtout en maths. Et je sais que ce collège m'ouvrira des portes», conclut Elise, en retournant à ses devoirs.