SECURITE ROUTIEREDes automobilistes jugés pour avoir signalé la présence de radars sur Facebook

Des automobilistes jugés pour avoir signalé la présence de radars sur Facebook

SECURITE ROUTIERERenvoyés devant le tribunal correctionnel de Rodez (Aveyron), ils risquent 1.500 euros d’amende et six points de permis en moins…
Vincent Vanthighem

Vincent Vanthighem

Dimanche soir, ils étaient installés «juste en face de la pizzeria Chichi Belli» à Firmi (Aveyron). Quelques heures plus tôt, c’était au rond-point juste avant le pont de Capdenac sur les rives du Lot. «Les poulets sont là avec des jumelles…», indique le message. Dans le petit village de Rolampont (Haute-Marne), c’est avec un radar mobile que leur présence était aussi signalée ce lundi. Un simple compte Facebook est désormais suffisant pour connaître l’emplacement des forces de l’ordre sur les routes de France.

>> Les faits: Une page Facebook antiradars dans le viseur de la justice

Ce ne sera peut-être bientôt plus le cas. Alors que les groupes avertissant de la présence de radars se multiplient sur le réseau social, Yves Delpérié, le procureur de la République de Rodez (Aveyron) a décidé d’agir. Pour la première fois, ce mardi, il plaidera face à treize automobilistes membres du «Groupe Facebook qui te dit où est la police en Aveyron». Inédit, ce procès pourrait aboutir sur une nouvelle jurisprudence qui ne serait pas sans conséquence pour toutes les pages Facebook similaires en Picardie, dans le Lot ou encore en Ile-de-France.

Une vaste «hypocrisie» pour l’avocat des prévenus

«Je suis réveillé toutes les nuits car des gens se tuent sur la route, s’est justifié le procureur dans la presse locale. C’est lamentable que certains préviennent de l’installation de radars!» C’est surtout illégal. Depuis décembre 2012, l’article R 413-15 du Code de la Sécurité routière interdit en effet les «détecteurs de radars», prévoyant pour les contrevenants une amende maximale de 1.500 euros assortie d’un retrait de six points du permis de conduire.


Une vaste «hypocrisie» pour l’avocat Rémy Josseaume qui défendra, mardi, dix des treize automobilistes renvoyés devant le tribunal correctionnel. «Certains gendarmes utilisent Facebook pour annoncer, eux aussi, leurs contrôles. Pourquoi ne pas les poursuivre aussi?, interroge-t-il. Sans parler des émissions de radio ou des articles du journal Auto-Plus…»

«Zones à risques» versus «radars»

Renvoyé devant le tribunal mardi pour avoir signalé, «une seule fois», la présence d’un radar, David Allègre, 40 ans, pointe aussi du doigt les fameux logiciels d’aide à la conduite, comme le célèbre Coyote. «Ces boîtiers parlent de ‘’zone à risques’’ alors que nous parlons de ‘’radars’’ mais c’est la même chose, s’emporte-t-il. On nous prend vraiment pour des cons. Ou alors on veut faire un exemple…»

>> Eclairage: Coyote s’emporte contre les mesures gouvernementales

Mardi matin, David Allègre ira donc chercher son avocat à l’aéroport avant de rejoindre devant le tribunal de Rodez le comité de soutien qui s’est constitué depuis l’annonce du procès. «Je jetterai un coup d’œil sur Facebook avant, sourit-il. On n’est jamais trop prudent.»

Entre 600.000 et 800.000 utilisateurs?

10.000 membres dans l’Aveyron. 40.000 inscrits en Région parisienne. Plus de 4.000 en Haute-Marne. Les utilisateurs de groupe Facebook prévenant de la présence de «poulets» et autres «képis» sur les routes de France seraient entre 600 et 800.000 selon Rémy Josseaume, l’avocat qui s’est spécialisé dans la défense des automobilistes. Ce dernier rappelle d’ailleurs que la loi prévoit la confiscation du matériel ayant conduit les automobilistes à prévenir de la présence de radars. «Si on va au bout de la logique, il faut interdire Facebook en France», assure-t-il.

Contacté par 20 Minutes, le délégué interministériel à la Sécurité routière a, de son côté, refusé de s’exprimer sur ce sujet avant l'audience.