VIDEO. Mégalo, antisémite et violent... Les révélations sur Mehdi Nemmouche
PORTRAIT•Selon plusieurs témoins, l'homme inculpé pour quatre assassinats au Musée juif de Bruxelles le 24 mai est animé par son obsession antisémite et sa mégalomanie...Delphine Bancaud
Mégalomane, antisémite et violent. Chaque jour apporte son lot de révélations sur le passé du tueur présumé du Musée juif de Bruxelles, Mehdi Nemmouche, dont le parcours rappelle à certains égards celui du tueur de Toulouse et Montauban, Mohamed Merah.
Mehdi Nemmouche: Itinéraire d'un djihadiste... par 20Minutes
Un itinéraire chaotique qui démarre le 17 avril 1985 à Roubaix (Nord), dans un quartier sensible. Mehdi Nemmouche n’a jamais connu son père et a été placé dès l’âge de trois mois en foyer, avant d’être «ballotté» de maison d’accueil en maison d’accueil «avant d’être confié à sa grand-mère à 17 ans», a relaté son ancienne avocate, Me Soulifa Badaoui. De cette enfance en manque de repères, il garde des stigmates et sombre rapidement dans la petite délinquance. Mais le jeune homme décroche quand même son bac et fait une année de droit à l’université.
Sa tante le décrit à l’époque comme «quelqu’un de gentil, d’intelligent, serviable, poli», mais aussi «très discret». Mehdi Nemmouche est condamné à sept reprises, la première fois en janvier 2004 par le tribunal des enfants de Lille pour vol avec violences, et incarcéré cinq fois, a rappelé le procureur de la République de Paris, François Molins. Lors de ces années de détention, il s’isole de sa famille. «C’est lui qui ne voulait pas donner de ses nouvelles, il ne voulait pas nous causer de problèmes», a déclaré un des membres de sa famille sous couvert de l’anonymat.
La prison le radicalise
Une montée en puissance dans la délinquance qui le conduit à la radicalisation. Car c’est lors de sa dernière période de détention, dans le sud de la France, entre 2007 et 2012, que Mehdi Nemmouche change, y compris physiquement. Les cheveux courts, il porte une fine moustache, une fine barbe et il est physiquement corpulent. A cette époque, il s’est «illustré par son prosélytisme extrémiste, fréquentant un groupe de détenus islamistes radicaux et faisant des appels à la prière collective en promenade», indique le procureur. Selon une source proche du dossier, en prison, Nemmouche montre une certaine fascination pour Mohamed Merah.
Passant de la parole aux actes, «trois semaines seulement après sa libération», le 4 décembre 2012, Mehdi Nemmouche se rend en Syrie, où il passe «plus d’une année». Il aurait intégré les rangs du groupe djihadiste radical et violent, l’Etat islamique de l’Irak et du Levant (EIIL).
Une cruauté extrême avec les otages
Selon les dernières révélations du Point et du Monde, Mehdi Nemmouche aurait d’ailleurs été l’un des geôliers du journaliste Nicolas Hénin, otage en Syrie entre juillet et décembre 2013. Un épisode pendant lequel il se serait illustré par un certain sadisme. «Quand Nemmouche ne chantait pas, il torturait. Il était membre d’un petit groupe de Français dont la venue terrorisait la cinquantaine de prisonniers syriens détenus dans les cellules voisines. Chaque soir, les coups commençaient à pleuvoir dans la salle dans laquelle j’avais moi-même été interrogé. La torture durait toute la nuit, jusqu’à la prière de l’aube», témoigne Nicolas Hénin dans Le Point.
A plusieurs reprises, les autres geôliers sont même obligés de «protéger les otages occidentaux des violences de Nemmouche», qui menace de les tuer. Pratiquant la torture mentale, il se plaît à chanter aux captifs français «la bohème, la bohème, nous en mangions qu’un jour sur deux».
«L’obsession antisémite»
«Il avait une espèce d’obsession antisémite, une obsession à vouloir imiter ou dépasser Merah, son modèle», explique encore le journaliste. Tout en précisant que selon lui, Nemmouche «n’est pas un idéologue islamiste. Il le disait lui-même: il se définissait comme un jeune criminel transformé en nettoyeur ethnique, c’est ce qu’il disait en permanence».
Selon Libération, le jeune homme se vantait devant les journalistes français de vouloir perpétrer un attentat le 14 juillet à Paris. «Je vais faire cinq fois Merah au défilé du 14-Juillet», aurait-il déclaré. Des propos cependant nuancés ce lundi par le parquet de Paris qui a indiqué qu’aucun acte d’enquête ne mentionnait un projet d’attentat en France de Nemmouche.
Pour Nicolas Henin, Mehdi Nemmouche «n’est probablement pas parti en Syrie pour se battre pour un quelconque idéal, mais avant tout, sans doute par manque de reconnaissance, pour se réaliser d’une certaine manière».