Double meurtre de Montigny: 28 ans après, un troisième suspect mis en examen

Double meurtre de Montigny: 28 ans après, un troisième suspect mis en examen

Après Patrick Dils, finalement acquitté, puis Francis Heaulme, toujours en attente de jugement, un troisième suspect, Henri Leclaire, a été mis en examen mardi pour le double meurtre d'enfants de Montigny-lès-Metz en 1986, mais laissé en liberté.
© 2014 AFP

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Après Patrick Dils, finalement acquitté, puis Francis Heaulme, toujours en attente de jugement, un troisième suspect, Henri Leclaire, a été mis en examen mardi pour le double meurtre d'enfants de Montigny-lès-Metz en 1986, mais laissé en liberté.

Le retraité de 65 ans, petit, rond et trapu, n'a fait aucun commentaire devant les journalistes. Il a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de rencontrer les protagonistes de l'affaire, a précisé son avocat Me Thomas Hellenbrand, après plus de deux heures et demi passées avec son client devant deux juges d'instruction au palais de justice de Metz.

Cette mise en examen pour meurtre était attendue depuis le report du procès du «routard du crime» Francis Heaulme dans cette affaire début avril en raison de deux témoignages de dernière minute à charge contre Henri Leclaire.

Cet ancien manutentionnaire, célibataire et sans enfant, «conteste formellement toute implication dans ce dossier», a répété mardi Me Hellenbrand, selon lequel sa mise en examen «permettra de démontrer de façon définitive qu'il est hors de cause dans cette affaire».

«Il n'y a rien de sérieux contre Henri Leclaire. Le seul problème dans ce dossier, c'est ses aveux initiaux», a-t-il ajouté.

Henri Leclaire avait en effet avoué à l'époque des faits les meurtres d'Alexandre Beckrich et Cyril Beining, 8 ans, commis à proximité de son lieu de travail. Mais il s'était rétracté, avant d'être mis hors de cause par les enquêteurs, davantage séduits par la piste du jeune Patrick Dils, finalement acquitté et innocenté en 2002.

- De nouvelles accusations -

Lors du procès de Francis Heaulme, de nouveaux témoignages accablants contre Leclaire ont été livrés, notamment celui d'une habitante de Metz. Cette clerc d'avocat a affirmé que le sexagénaire s'était confié à elle en 2012, reconnaissant s'en être pris violemment aux enfants, tout en niant les avoir tués.

Confronté à cette nouvelle accusatrice, Leclaire, qui comparaissait comme simple témoin au procès du «routard du crime» au printemps dernier, a reconnu avoir tenu de tels propos. Mais il a affirmé dans la foulée avoir «inventé» cette histoire.

L'institution judiciaire a tout de même jugé ces révélations suffisantes pour interrompre le procès de Heaulme et ouvrir une nouvelle enquête contre Leclaire.

Avant ce rebondissement, le nom de Leclaire avait déjà refait surface dans les années 1990. Il était cette fois cité par Heaulme lors de confessions au gendarme Jean-François Abgrall, qui le désignait comme l'auteur du double meurtre.

Au terme d'une nouvelle enquête, Henri Leclaire avait bénéficié d'un non-lieu en mars 2013, tandis que Francis Heaulme était renvoyé devant les assises.

Leclaire mène une existence solitaire. Dans un entretien accordé fin mars au Républicain lorrain, il s'était dit «fatigué et usé», souhaitant qu'on le «laisse tranquille» avec cette affaire qui a «gâché» sa vie.

La mère d'une des victimes, Gabrielle Beining, «a souhaité cette mise en examen» d'Henri Leclaire, pour connaître la vérité, mais elle est «très triste parce que ça réactive le souvenir de ce terrible dimanche» 28 septembre 1986, le jour du double meurtre, a expliqué lundi son avocate, Me Dominique Boh-Petit.

«Ce qu'elle vit avant tout, c'est la scène de crime, une scène de crime avec peut-être deux agresseurs pour un enfant de 8 ans», a poursuivi l'avocate.

Les corps de Cyril Beining et Alexandre Beckrich avaient été découverts le crâne fracassé à coups de pierres sur un talus longeant une voie ferrée.

«Qu'Henri Leclaire soit mis en examen, ça ne change pas grand chose. Ce qui est important, c'est de savoir s'il va être renvoyé devant la Cour d'assises. Or, c'est encore loin d'être acquis», a estimé pour sa part l'avocate de Francis Heaulme, qui reste également accusé dans cette affaire, Me Liliane Glock.

Avant son renvoi éventuel devant les assises, Henri Leclaire ne peut pas être confronté à Francis Heaulme et les deux procédures ne pourront pas être jointes d'ici là, a-t-elle ajouté.

«Je n'ai jamais considéré qu'on se défendait en accusant les autres. Un procès comme celui-là, on ne sait pas ce que ça va donner», a conclu Me Glock.

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