Crashs aériens en série: «Je me dis que nous avons désormais moins de risques d’avoir un accident d’avion»
REPORTAGE•A l'aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulles, de nombreux voyageurs tentaient ce vendredi de conjurer leur inquiétude après les trois accidents aériens survenus en l'espace d'une semaine...Floriane Dumazert
A en juger par la longueur des files d’attente devant les zones d’enregistrement de Roissy, les derniers accidents aériens n’ont pas dissuadé les voyageurs. Dans leurs valises, Corinne et Laura ont toute la panoplie pour profiter d’un séjour longuement attendu à Punta Cana. Alors pas question d’hésiter ce vendredi. «Nous n’allons pas modifier notre programme à cause des accidents, sinon nous ne ferions jamais rien», commence la mère.
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«Et statistiquement, je me dis que nous avons désormais moins de risques d’avoir un accident», ajoute sa fille. Si elles ne présentent aucun signe de stress, leurs proches ont déjà prévu de suivre le vol via leur Smartphone, grâce à une application dédiée. «Mes parents s’inquiètent toujours, il n’y a rien d’extraordinaire», précise Corinne, avant de s’éclipser pour faire enregistrer ses bagages.
«J’aurais peut-être hésité pour un long-courrier»
Dans la file d’enregistrement pour le vol vers Alger, Farida regarde dans le vide. Jeudi, un avion parti de Ouagadougou pour cette destination s’est crashé au Mali. «La nuit avant l’accident, ma fille a rêvé que notre avion touchait le soleil. Alors, quand j’ai su qu’un avion pour Alger s’était crashé, j’ai eu un peu peur», confie-t-elle. Pas de quoi renoncer à son voyage pour autant. «S’il doit nous arriver quelque chose, c’est le destin. Cela ne servirait à rien de changer nos vacances à la dernière minute». Destin ou pas, une mère de famille, visiblement angoissée et s’apprêtant à s’envoler pour Miami, ne veut tout simplement «pas entendre parler des accidents». Superstition ou crainte ponctuelle, on ne parle pas de drame avant de décoller.
Dans une moindre mesure, Cécile est, elle aussi, inquiète. «Une peur récurrente, qui est accentuée cette fois par les récents événements». Mais à quelques heures d’embarquer pour la Sardaigne, elle tente de se rassurer: «deux heures de vol, ce n’est rien.» Pour un plus long courrier, par contre, «j’aurais peut-être hésité», précise Cécile sous le regard amusé de son mari. Alain n’est pas du tout inquiet, et pour cause. «Il y a longtemps, l’avion dans lequel j’étais a failli s’écraser». Un incident qui ne l’a pas vraiment troublé: «deux jours plus tard, je prenais à nouveau l’avion».
«Nous avons survolé la bande de Gaza»
Pour rejoindre la Thaïlande, Julien et ses amis ont fait escale en Jordanie, et en Israël pour en revenir. «Nous avons même survolé la bande de Gaza», assure le jeune homme, un sac de randonnée harnaché sur le dos. Lors de leur séjour, ils ont été informés des accidents aériens. «Vous savez que trois avions se sont crashés cette semaine?», a lancé Julien à ses amis avant d’embarquer pour le retour. «Ce sont trois catastrophes aériennes pour combien de vols qui sont bien arrivés à destination?», interroge son coéquipier. Selon lui, «c’est un hasard que cela soit arrivé la même semaine». Et puis, «l’avion est le moyen de transport le plus sécurisé, non?»
Ce n’est pas Ingrid qui dira le contraire, elle qui craint davantage les accidents de voiture. «Pas inquiète du tout», la jeune femme, qui «part en Sicile sur un coup de tête», a même acheté ses billets cette semaine. Habituée des trajets en avion, elle ne se renseigne jamais sur son trajet. «Par contre, j’aime suivre notre itinéraire sur l’écran pendant le vol. Un jour, j’ai vu comme cela que je survolais l’Irak.» Sans la moindre inquiétude, à nouveau. «J’adore voyager, alors si je ne prends plus l’avion, je fais comment?». Renoncer à leurs vacances ou s’envoler, les voyageurs ont fait leur choix.