FAITS DIVERSVIDEOS. Catastrophe ferroviaire: Un an après, Brétigny rend hommage aux victimes

VIDEOS. Catastrophe ferroviaire: Un an après, Brétigny rend hommage aux victimes

FAITS DIVERSLe combat des victimes continue sur le terrain judiciaire...
M.B. avec AFP

M.B. avec AFP

Le plus grave accident ferroviaire depuis plus de 20 ans. Un an après, des hommages ont été rendus samedi à Brétigny-sur-Orge aux sept morts et aux dizaines de blessés, des victimes «en colère» contre la SNCF dont la responsabilité est pointée du doigt.



Dans la petite gare de cette commune de l'Essonne, où le train Intercités 3657 Paris-Limoges avait déraillé, aucune trace de la catastrophe. Les travaux entrepris, pour environ 1,5 million d'euros, se sont achevés fin juin. Le quai et l'abri, totalement détruits il y a un an, sont flambant neufs.

«Plus de cicatrice physique aujourd'hui»

«C'était très important qu'il n'y ait plus de cicatrice physique aujourd'hui», relève le maire Nicolas Meary. Le secrétaire d'Etat aux Transports, Frédéric Cuvillier, a déposé une gerbe sur le quai, puis quelque 200 victimes et leurs familles se sont recueillies, en privé, dans un gymnase.

«Revenir sur les lieux mêmes du drame est trop difficile», explique Thierry Gomès, qui a perdu ses deux parents, fauchés sur le quai. «Nous avons tous été meurtris dans notre chair. Beaucoup souffrent de traumatismes psychologiques, certains sont encore lourdement handicapés.»



Brétigny: "l'Etat est aux côtés des victimes... par BFMTV

Ce vendredi 12 juillet 2013, jour de départs en vacances, 385 personnes étaient à bord. Elles quittaient la gare d'Austerlitz à 16H53 pour une arrivée prévue à destination à 20H05. Mais à 17H11, alors qu'il aborde la gare de Brétigny, le train déraille à 137 km/h. Deux voitures se retrouvent couchées sur les rails, une troisième balaie le quai sur lequel attendent de nombreux voyageurs.

C'était «énorme, apocalyptique»

«J'étais dans ce wagon. Le choc, la voiture qui entame sa course folle dans un bruit de guerre, les gens recroquevillés sur eux-mêmes, puis le silence, le nuage de poussière», raconte Jean Champagne, 56 ans. Olivier Guillon, dans la voiture numéro 2, a tout de suite compris que c'était «énorme, apocalyptique». Blessé grièvement aux jambes, il se déplace aujourd'hui avec des béquilles.

Une commémoration, publique cette fois, a réuni plusieurs centaines de personnes sur le parvis de la gare en fin d'après-midi. A 17H11, une sirène a retenti, suivie d'une minute de silence, puis une plaque a été dévoilée par le maire de la ville. «Certains voyageurs ont encore une grande appréhension et préfèrent attendre leur train dans un souterrain plutôt que sur le quai», relève-t-il.

Le docteur Marie-Hélène Lemaire, responsable du service de psychiatrie de l'hôpital de Brétigny, tente depuis un an «de panser les blessures». Des personnes, qui se trouvaient sur le quai ce jour-là, souffrent «de phobies, de graves crises d'angoisse, de cauchemars7, raconte-t-elle, une rose blanche à la main. Et d'insister sur l'importance de ces cérémonies pour «sortir de sa souffrance individuelle».

Le combat des victimes continue sur le terrain judiciaire. Les experts ont rendu, début juillet, des conclusions «sévères» à l'encontre de la SNCF, mettant en cause «l'état de délabrement» du réseau à l'endroit de l'accident et un «déficit» de maintenance.

«Comment peut-on avoir une telle vétusté à cet endroit?»

«On se trouve sur un axe ferroviaire stratégique. Comment peut-on avoir une telle vétusté à cet endroit ?», s'interroge Jean Champagne. Pour Thierry Gomès, le manquement est «très grave». «Qui est responsable, l'homme de terrain ou le décideur? Nous espérons que la justice répondra à cette question.»

>> Accident de train de Brétigny: Un état de délabrement «jamais vu» selon les experts

Trente-deux passagers, parmi les 177 qui ont déclaré un préjudice corporel ou psychologique, ont, à ce jour, accepté une offre en vue de se faire indemniser, mais ils gardent le droit de participer à un éventuel procès pénal.

Olivier Guillon n'a pas à ce jour reçu de proposition d'indemnisation. Il y a des moments de «colère», explique-t-il. La SNCF est «responsable, mais aussi coupable. Elle ne doit pas être uniquement condamnée pour "homicide involontaire", mais aussi pour "mise en danger de la vie d'autrui"», estime-t-il, espérant que la justice retiendra cette qualification.

L'association des voyageurs usagers des chemins de fer milite, de son côté, pour que les données sur l'état du réseau soient rendues publiques. «On sait qu'il y a des problèmes, mais est-ce que tout est pourri ? Nous sommes en droit de savoir», plaide son porte-parole Willy Colin.



Brétigny-sur-Orge: Retour sur l'enquête en 90... par 20Minutes