Colonies de vacances: Comment sont-elles contrôlées?
INTERVIEW•Après la mort d’un petit garçon dans une colonie de vacances, «20 Minutes» fait la lumière sur l’organisation des contrôles dans les centres de vacances qui accueillent les enfants...Propos recueillis par Anissa Boumediene
Les enfants sont-ils en sécurité dans les colonies de vacances? Après le décès d’un petit garçon de 8 ans dans une colonie de vacances à Ascou dans l’Ariège, dont la mort pourrait avoir été causée par la mauvaise qualité de l’eau, et l’hospitalisation de huit autres enfants à Lorient (Morbihan), la sécurité des enfants est mise en doute dans les colonies de vacances.
Durant l’été, où 80 % des séjours avec hébergement ont lieu, les services de l’Etat poursuivent leurs contrôles sanitaires partout dans l’Hexagone. Francis Labreuche, adjoint au chef du Bureau de la protection des mineurs en accueils collectifs, détaille pour 20 Minutes les contrôles auxquels sont soumis les centres de vacances.
Qui s’occupe du contrôle des centres de colonies de vacances?
Chaque année, environ 750 agents, placés sous l’autorité des préfets, sillonnent la France pour contrôler les conditions d’accueil des enfants et adolescents dans les centres de vacances. Ils dépendent des directions départementales de la cohésion sociale (DDCS) et effectuent près de 10.000 inspections par an. Et ces contrôles sont ciblés et priorisés.
Chaque DDCS établit un plan départemental de protection des mineurs, qui détermine les centres et les personnels à contrôler en priorité. En cas d’incidents signalés, d’activités sportives posant des problèmes de sécurité ou encore si un nouveau directeur est nommé dans un centre de vacances, les structures concernées vont être inspectées en priorité.
Les agents passent tout en revue et vérifient que les centres de vacances respectent bien leurs obligations, notamment en ce qui concerne le personnel. La réglementation exige la présence d’un animateur pour huit enfants pour les moins de 6 ans et d’un pour douze pour les plus de 6 ans. Les animateurs doivent être titulaires du brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (Bafa), en cours de formation Bafa ou titulaires d’un diplôme équivalent.
Comment se passent les contrôles en matière de sécurité sanitaire?
Les agents de contrôle peuvent tout voir et tout contrôler. Si, au titre de leur compétence générale, ils relèvent des dysfonctionnements lourds, ils ont le pouvoir de prendre toutes les mesures qui s’imposent et saisissent les services compétents.
Concernant la nourriture qui est servie aux enfants, s’ils constatent par exemple des problèmes d’hygiène ou de produits périmés, ils alertent les services vétérinaires. Pour les problèmes de potabilité de l’eau, ils saisissent l’Agence régionale de santé, l’autorité compétente sur le sujet.
Mais avant ce passage de relais, nos services doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des enfants. Nos agents disposent d’un arsenal gradué de sanctions qui, selon la gravité de l’infraction relevée, va de la recommandation à la fermeture du centre d’accueil.
Chaque année, nous ordonnons une dizaine d’arrêtés d’opposition d’accueil: si nos agents constatent une menace pour la sécurité des enfants, nous n’hésitons pas à évacuer un centre de vacances ou à l’empêcher d’accueillir des enfants.
Peut-on encore envoyer ses enfants en toute sécurité en colonie de vacances?
Oui, d’ailleurs mes enfants partent la semaine prochaine en colo. La France est le pays qui a la réglementation la plus stricte au monde en matière de colonie de vacances et d’accueil des mineurs, avec des obligations de qualifications du personnel et des taux d’encadrement à respecter.
Chaque année, on recense une soixantaine d’accidents graves sur les 50.000 séjours avec hébergements effectués. C’est toujours une soixantaine de trop, surtout lorsque des drames comme celui qui vient de se produire en Ariège surviennent. Mais les chiffres montrent qu’un enfant est plus en sécurité en colonie qu’au domicile familial, où beaucoup plus d’accidents domestiques se produisent.