Syndicat de la magistrature: «Nous n’avons rien contre Nicolas Sarkozy!»
INTERVIEW•Présidente du Syndicat de la magistrature, Françoise Martres réagit pour «20 Minutes» à l’interview de Nicolas Sarkozy…Vincent Vanthighem
Elle s’attendait à ce que son syndicat soit mis en cause. En s’installant devant sa télévision, mercredi soir, Françoise Martres n’a pas été déçue par l’interview de Nicolas Sarkozy. La présidente du Syndicat de la magistrature réagit pour 20 Minutes à la polémique.
Nicolas Sarkozy a dénoncé «une instrumentalisation politique de la justice». Comment réagissez-vous à ces propos?
C’est toujours la même chose, toujours la même histoire avec Nicolas Sarkozy. Nous commençons à être habitués. Dès qu’il est impliqué, il met en cause l’impartialité des magistrats.
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Ainsi, c’est ce qu’il avait déjà fait au moment de l’affaire Bettencourt. Il serine. Il prend les Français à témoin. Mais il met gravement en danger l’institution judiciaire avec ce type de propos.
Il a notamment regretté d’avoir été convoqué par une juge appartenant à votre syndicat…
Mais c’est une situation absurde. Il voudrait que tous les juges ayant des opinions de gauche soient dessaisis des affaires le concernant. Est-ce-à dire qu’il ne veut être jugé que par des magistrats de droite? C’est vraiment absurde.
Assumez-vous le fait d’être classé à gauche?
En France, nous avons le principe de la liberté syndicale. Il y a plusieurs syndicats. De droite, de gauche et même du centre. C’est normal dans une démocratie que les gens puissent s’intéresser et se prononcer, par exemple, sur les projets de réforme qui les concernent. C’est ce que nous faisons. Mais cela se limite à un combat d’idées. Nous n’avons rien contre Nicolas Sarkozy!
Mais comment, dès lors, être sûr de l’impartialité d’un magistrat?
Depuis le début, Nicolas Sarkozy et ses amis confondent la neutralité et l’impartialité. Les magistrats sont impartiaux. Mais un juge neutre, ça n’existe pas. Chacun a ses opinions, ses idées.
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Pour autant, cela ne veut pas dire qu’ils laissent transparaître leurs opinions dans les décisions qu’ils rendent. Ce n’est pas parce qu’on est engagés qu’on est partiaux!
En tant que présidente, vous avez tout de même été mise en examen dans l’affaire dite du «mur des cons»…
Oui et on se sert de cette affaire, aujourd’hui, comme d’un prétexte. Je rappelle qu’au moment de l’affaire Bettencourt, Nicolas Sarkozy dénonçait déjà l’attitude des magistrats alors que l’affaire du «mur des cons» n’était pas sortie.
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Sur le fond, nous avons dénoncé l’instrumentalisation qui a été faite de cette affaire. Ces images ont été volées dans notre local syndical. Et nous nous en expliquerons le temps venu devant la justice.
Envisagez-vous des actions particulières après les propos de l’ancien président?
Non, aucune action particulière. Ni sur le plan judiciaire, ni sur le plan de l’action. Nous ne voulons pas ajouter de la polémique à la polémique.