JUSTICEGilbert Azibert: Itinéraire d'un magistrat ambitieux

Gilbert Azibert: Itinéraire d'un magistrat ambitieux

JUSTICEEt qui a vite cru au potentiel de Nicolas Sarkozy...
20 Minutes avec AFP

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Gilbert Azibert, 67 ans, haut magistrat mis en examen dans un présumé trafic d'influence au profit de Nicolas Sarkozy, est un homme de réseaux classé à droite, décrit comme ambitieux et craint, dont la carrière a plusieurs fois croisé la route de l'ancien président.

Le prénom «Gilbert» apparaît largement dans le récit qu'avait fait Mediapart des écoutes de conversations entre Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog, lequel salue le «dévouement» de cet informateur à la Cour de cassation qui, dit-il, «a bossé». Mardi soir, il a été mis en examen pour recel de violation du secret professionnel, trafic d'influence passif et corruption passive.

Arrivé à l'âge de la retraite, premier avocat général à la Cour de cassation dans une chambre civile, il a décidé, en 2012, de prolonger sa carrière jusqu'à son 68e anniversaire, le 2 février 2015, sans savoir que cet épilogue serait si mouvementé.

Avant cet accroc, au faîte de sa carrière, il avait raté, en juillet 2011, la dernière marche qui aurait pu couronner un brillant parcours en échouant face à l'ancien procureur de Paris, Jean-Claude Marin, pour le poste très convoité de procureur général près la Cour de cassation. Car jusqu'alors, tout ou presque avait souri à ce fils de fonctionnaire de police, né à Marseille. Des études de droit, un diplôme de science pénales et de criminologie, l'école de la magistrature et un premier poste de substitut dans la cité phocéenne, en 1976.

«Annulator»

Suivent dans la foulée des postes à la Cour de cassation, à la cour d'appel de Versailles, puis celui de président du tribunal de grande instance de Nîmes. Nommé directeur de l'administration pénitentiaire en 1996 par le garde des Sceaux d'alors, Jacques Toubon, il montre une poigne qu'il confirmera en 1999, en prenant les rênes de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris.

Un poste sensible chargé de contrôler le travail des juges d'instruction dont il n'hésite pas à annuler les procédures, récoltant le surnom «d'annulator». Mais c'est à la tête de l'Ecole nationale de la magistrature qu'il va connaître ses premières passes d'armes politiques.

Le Syndicat de la magistrature (gauche) l'accuse alors d'ostracisme à l'encontre de certains intervenants en raison de leur appartenance syndicale de gauche. On évoque «une liste noire» de la Chancellerie de 12 juges ne devant plus intervenir dans l'école. Le plus gros accroc survient en décembre 2003 à l'occasion de la venue à l'école du ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, critiquée par les syndicats de magistrats SM et USM (majoritaire) qui y voient une intrusion du pouvoir exécutif dans la sphère judiciaire.

Déjà proche de Sarkozy en 2003

Lors d'une réunion de «cadrage», Gilbert Azibert défend cette visite en menaçant de «sanctions disciplinaires» ceux qui s'y opposent. «Il ne faut pas oublier que Nicolas Sarkozy a un bon avenir politique devant lui», aurait-il alors lancé selon des témoins. «Cela marquait déjà une certaine proximité», dit Françoise Martres, présidente du SM.

Et de fait, après un passage à Bordeaux comme procureur général (2005-2008), c'est à la Chancellerie que Gilbert Azibert va être appelé par le conseiller justice de Nicolas Sarkozy, Patrick Ouart. Secrétaire général du ministère auprès de Rachida Dati, il est alors considéré par beaucoup comme le ministre bis.