Ecole: Les jeunes profs sont les plus exposés aux violences scolaires
EDUCATION•Selon une étude de l'Insee qui paraît ce jeudi, 14% des enseignants de moins de 30 ans déclarent avoir été menacés ou insultés dans l'exercice de leur profession...Delphine Bancaud
Ils sont jeunes et parfois vulnérables face à leurs élèves. Selon une étude de l’Insee publiée ce jeudi, 14 % des jeunes enseignants sont menacés ou insultés chaque année dans l’exercice de leur profession.
Des chiffres supérieurs à la moyenne nationale qui se situe à 12 %. Dans les collèges et des lycées, ces violences verbales proviennent des élèves (trois cas sur quatre), tandis qu’en maternelle et en primaire, elles sont commises par des parents d’élèves (sept cas sur dix).
«On n’assiste pas à une explosion de la violence ces dernières années, mais il ne faut pas relativiser ses chiffres, car ces agressions peuvent durablement affecter les enseignants», commente Eric Debarbieux, délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire. D’ailleurs, selon l’Insee, 46 % des enseignants agressés verbalement signalent des séquelles l’année qui suit l’incident, comme des troubles du sommeil ou une perte de confiance en soi.
Des enseignants sans expérience dans les établissements les plus difficiles
Si les jeunes enseignants sont plus souvent victimes de ces agressions, c’est tout d’abord en raison du «lieu où ils exercent», précise l’Insee, car dans le secondaire, ils «démarrent souvent leur carrière en collège dans des établissements où le climat scolaire est plus dégradé». Une explication que ne conteste pas Eric Debarbieux: «Ceux qui sont affectés en début de carrière dans un établissement relevant de l’éducation prioritaire sont mal accompagnés. Et ces dernières années, leur manque d’expérience n’a pas été compensé par une bonne formation, puisqu’elle a été sacrifiée dans la période précédente. Du coup, il leur manque des compétences en gestion de groupe et en gestion des conflits», explique-t-il.
Les jeunes profs sont aussi confrontés selon lui, aux ferments de la violence, qui affectent tous les enseignants: «La crise a renforcé la coupure entre l’école et certains de ses publics. Car l’école perd du sens à partir du moment où le fait d’avoir suivi des études ne garantit plus un emploi et où des discriminations à l’embauche s’opèrent. Cela engendre une délinquance d’exclusion, qui s’exprime aussi à l’école». Selon Eric Debarbieux, la violence exercée à l’encontre des enseignants serait aussi due à «un certain ennui» éprouvé par les élèves, face à des pédagogies qui n’auraient pas évolué au même rythme que la société. Enfin, certaines incompréhensions entre les adultes et les adolescents pourraient expliquer quelques débordements.
Reste que des solutions permettraient de mieux armer les jeunes enseignants face à la violence, selon le délégué ministériel chargé de la Prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire. «Il faut tout d’abord que la formation initiale dans les ESPE (écoles supérieures du professorat et de l’éducation) aborde cette question en profondeur. Il faut aussi faire en sorte qu’il y ait une vraie mixité dans les équipes enseignantes affectées dans les établissements les plus difficiles, afin que les enseignants les plus aguerris puissent tutorés les plus jeunes».