«On ne revient pas en arrière», a répété le ministre de l’Education, Benoît Hamon, ce lundi devant un parterre de journalistes. Avant de détailler à nouveau le nouveau plan d’action pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’école qui remplacera les ABCD de l’égalité à la rentrée prochaine.

Mais les propos du ministre n’ont pas réussi à désamorcer la colère de nombreux observateurs du monde de l’Education. Plusieurs d’entre eux persistent à interpréter la fin des ABCD de l’égalité comme un renoncement. «La reculade est claire. C’est ahurissant, l’impensable est arrivé», regrette ainsi Muriel Salle, maîtresse de Conférences à Lyon 1 et formatrice pour les ABCD. «Tout acte politique est fait de symbole. L’ABCD de l’égalité était emblématique. (…) Le risque est celui de l’enlisement et de l’oubli», déclare de son côté Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa.

Hamon accusé d’avoir cédé aux opposants

Le gouvernement est aussi accusé d’avoir baissé les bras face aux mouvements traditionalistes et aux groupuscules d’extrême droite, qui ont véhiculé des rumeurs pour discréditer les ABCD de l’égalité. «Le gouvernement semble plus enclin à écouter quelques individus extrémistes regroupés en d’improbables collectifs très localisés, plutôt que de tenir compte de la position des organisations élues représentant une large majorité des usagers et du personnel des écoles», s’indigne ainsi Paul Raoult, président de la FCPE.

«Face à une coalition la plus réactionnaire possible, le gouvernement a capitulé en rase campagne. C’est un coup terrible porté à égalité, à la lutte contre toutes les discriminations que vient d’assener le gouvernement qui va conforter et légitimer les discours obscurantistes qui prolifèrent», renchérit Olivier Dartigolles porte-parole du PCF.

La faisabilité du nouveau plan remise en cause

D’autres attaques portent sur le nouveau plan égalité présenté par le ministre, qui prévoit une formation initiale et continue des enseignants à l’égalité. Mais le scepticisme semble de rigueur: «J’attends de voir précisément le plan de formation», commente Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp. «Des mallettes pédagogiques, des outils pédagogiques, il y en a eu des dizaines mais qui n’ont servi à rien et il ne me semble pas réaliste de former 320.000 enseignants pour la rentrée», abonde Muriel Salle. «Une formule alternative sera généralisée, mais optionnelle. Les enseignants bénéficieront de formation initiale pour les nouveaux, et de formation continue non obligatoire pour les autres. Bref, les ABCD ne sont plus obligatoires, et resteront à la disposition des bonnes volontés, c’est-à-dire celles et ceux qui sont déjà sensibilisés», affirme de son côté l’association les Effrontées. Même son de cloche d’Osez le féminisme: «Pas de contraintes, pas d’objectifs précis, pas d’échéances: les formations et outils pédagogiques sont à destination des personnels de l’éducation, et non des élèves, et de nouveau réservé-e-s aux volontaires».

Dans le camp adverse, celui des détracteurs des ABCD de l’égalité, la satisfaction première de voir le dispositif abandonné a laissé place à l’inquiétude. «Les déclarations de Hamon ne sont pas rassurantes puisque le label ABCD est abandonné certes mais il est remplacé par un dispositif beaucoup plus large», a commenté lundi Albéric Dumont de la Manif pour tous, appelant à une manifestation le week-end du 4-5 octobre. Christine Boutin a également laissé exploser sa colère sur Twitter.

« Je n’ai aucune confiance dans l’annonce du retrait des #ABCDegalite, ils vont changer le nom mais vont continuer! Cf #Belcacem hier! Resistance — Christine Boutin (@christineboutin) 30 Juin 2014 »

« Ils nous prennent vraiment pour des C… honte à ce #Gouvernement http://t.co/AIgt9ye7In — Christine Boutin (@christineboutin) 30 Juin 2014 »