12.000 euros d'amende contre un prêtre hébergeant des sans-abri
JUSTICE•Une amende record a été requise mercredi contre un prêtre de Saint-Etienne à la retraite parce qu’il hébergeait des sans-logis dans un local paroissial…A.B. avec AFP
Gérard Riffard, prêtre de 70 ans, est accusé d’avoir mis à la disposition de personnes en attente d’un hébergement un local paroissial de l’Eglise Sainte-Claire, dans un quartier classé en zone de sécurité prioritaire. A la retraite, il préside depuis quatre ans une association d’accueil et d’accompagnement des sans-logis, baptisée Anticyclone, «par référence aux hautes pressions qui chassent les nuages et font rentrer le soleil, même quand il fait froid», a-t-il déclaré à l’audience.
239 amendes de 50 euros
«Au départ, il y a environ sept ans, j’ai commencé à héberger des personnes sans toit dans mon appartement», a-t-il expliqué, ajoutant que depuis le nombre était monté à une quarantaine de sans-abri, dont de nombreux Africains originaires de la RDC, qui dormaient dans la salle paroissiale attenante à l’église.
Le représentant du parquet, André Merle, a requis une condamnation correspondant à 239 fois une amende 50 euros, pour avoir enfreint un arrêté municipal de février 2013 ordonnant l’arrêt de l’hébergement dans ce bâtiment.
Le manque de sécurité mis en cause
La mairie avait interdit le logement de migrants dans le local paroissial au motif que l’endroit ne respectait pas toutes les normes de sécurité pour l’accueil du public.
L’ecclésiastique a fait valoir que «l’Etat est tenu par la loi d’héberger les demandeurs d’asile, ce qu’il ne fait pas complètement», soulignant le conflit entre ce qu’on lui reproche et «l’obligation à ne pas laisser les gens dehors, en situation de danger». «On fait ce qu’on peut avec les moyens qui sont les nôtres, mais on ne tient pas à répondre à toutes les normes de l’hébergement car nous ne sommes pas une structure de cette nature», a-t-il expliqué.
Un «appel d’air pour l’immigration clandestine»
Le prêtre, qui a reçu le soutien de l’évêque de Saint-Etienne Mgr Dominique Lebrun, réfute l’argument suggéré par le président du tribunal d’instance Henry Helfre, selon lequel l’ouverture des portes de cette église et de ses installations sommaires provoquerait «un appel d’air en faveur du puits sans fond qu’est l’immigration clandestine».
L’avocate du prêtre invoque «l’état de nécessité et la protection contre un danger imminent, face à la non-application du droit fondamental que constitue l’hébergement d’urgence», et demande la relaxe de son client. Le tribunal de police de Saint-Etienne a mis son jugement en délibéré au 10 septembre.