Tuerie de Bruxelles: La garde à vue de Mehdi Nemmouche prolongée de 24 heures
TERRORISME•Cette mesure est très rare...B. de V. avec AFP
La garde à vue du suspect de la tuerie de Bruxelles, Mehdi Nemmouche, a été prolongée mardi de 24 heures, au-delà des quatre jours habituels en matière d'antiterrorisme, une mesure très rare, a-t-on appris de source judiciaire.
Dimanche, lors d'une conférence de presse, le procureur de Paris, François Molins, avait expliqué que cette mesure pouvait être prise à titre exceptionnel dans deux cas: «En cas de risque imminent d'attentat ou pour des motifs liés aux nécessités de la coopération internationale.»
Cette durée dérogatoire a déjà été utilisée, notamment dans l'affaire de la cellule dite de Cannes-Torcy, décrite par la justice française comme la plus dangereuse en France depuis les attentats islamistes des années 1990. Aucune explication sur cette prolongation n'a pu être obtenue par l'AFP.
Nemmouche a refusé d'être extrait de sa cellule
Alors qu'il devait de nouveau être entendu mardi matin, Nemmouche, soupçonné d'avoir tué quatre personnes, le 24 mai, a refusé d'être extrait de sa cellule, a expliqué son avocat.
A l'issue de sa garde à vue, il devrait être conduit devant un magistrat du parquet général de la cour d'appel de Versailles pour se voir notifier le mandat d'arrêt européen dont il est l'objet. Selon une source judiciaire, cette notification est pour l'heure prévue mercredi.
Selon toute vraisemblance, il sera ensuite placé en détention, sous écrou extraditionnel, le temps de la procédure dont la durée dépendra notamment de l'accord de Nemmouche pour être remis à la Belgique. Un accord qu'il prévoyait jusqu'à lundi soir de donner.
De nombreuses questions encore sans réponse
L'enquête va se poursuivre des deux côtés de la frontière. En France, confrontés au mutisme de Nemmouche, les enquêteurs entendent élucider les raisons de sa venue à Marseille.
Ayant été en détention dans le sud, voulait-il se rendre chez une connaissance pour «se mettre au vert»? Sa famille étant d'origine algérienne, avait-il le projet d'embarquer pour fuir la France en bateau? Mais alors, pourquoi prendre le risque d'emporter les armes retrouvées lors de son interpellation vendredi?
Enfin, envisageait-il de frapper encore? Dans ce cas, se demande une source proche du dossier, pourquoi s'exposer à une interpellation en traversant la France alors que les cibles ne manquaient pas en Belgique ou dans le nord de la France d'où est originaire ce délinquant converti à l'islamisme radical en détention?
Quel réseau en Belgique?
Toutefois, c'est surtout en Belgique que l'enquête va se développer. Même si les enquêteurs n'ont guère de doute, les expertises balistiques devront dire scientifiquement si les armes retrouvées sur Nemmouche à Marseille sont celles utilisées à Bruxelles.
Les Belges vont également se pencher sur le réseau relationnel de Nemmouche dans ce pays, place forte des candidats au jihad en Syrie. Dimanche, les enquêteurs belges ont mené des perquisitions à Courtrai, à deux pas de la frontière française.
Ce pan de l'enquête doit permettre de déterminer si le profil de «loup solitaire» dressé par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, est le bon.
Un nouveau Merah?
Nemmouche est-il un nouveau Mohamed Merah? Selon une source proche du dossier, en prison, il a fait montre d'une «certaine fascination pour ce qu'avait fait Merah», qui a assassiné trois militaires puis trois enfants et un père juifs, en mars 2012, à Toulouse et Montauban.
Les deux hommes partagent le même profil de délinquant en rupture sociale. Mais à en croire son entourage, Nemmouche ne semblait pas particulièrement porté sur la religion quand le tueur au scooter baignait dans un environnement familial salafiste.
Quand il sort de sa dernière détention, en décembre 2012, le tueur présumé de Bruxelles est signalé comme s'étant radicalisé. Trois semaines plus tard, il part via Bruxelles en Syrie, où il intègre un groupe radical, l'EIIL (Etat islamique de l'Irak et du Levant).
Il reste plus d'un an en Syrie, avant de revenir via l'Asie en Europe. Repéré à Francfort, il est signalé aux Français le 18 mars.