Fusillade à Bruxelles: Le Musée des arts et d'histoire du judaïsme de Paris sous haute surveillance
REPORTAGE•Dix jours après la fusillade au Musée juif de Bruxelles, qui a fait quatre victimes, le Musée des arts et de l’histoire du Judaïsme de Paris reste placé sous protection policière…Anissa Boumediene
Ils sont deux policiers, ce lundi après-midi, à monter la garde devant le Musée d’art et d’histoire du judaïsme (MAHJ). Renforcé dès le lendemain de l’attaque au Musée juif de Bruxelles le 24 mai, le dispositif de sécurité mis en place par la Préfecture de Paris prévoit le déploiement de policiers aux abords de tous les monuments et lieux liés au judaïsme ou fréquentés par la communauté juive.
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Scanner et sas de sécurité
Du côté du Musée d’art et d’histoire du judaïsme (MAHJ), situé rue du Temple, l’ambiance est calme, mais il faut montrer patte blanche. Dès sa création en 1998, l’établissement s’est doté d’un scanner pour contrôler le contenu des affaires des visiteurs, qui ne peuvent pénétrer au sein du musée qu’en passant par un sas de sécurité. «Ces dispositions permettent d’assurer la sécurité des personnes. Ainsi qu’une protection contre le vol et le vandalisme», précise Paul Salmona, directeur du MAHJ.
Traditionnellement fermé le samedi, l’établissement a rouvert ses portes dès le lendemain de l’attaque du 24 mai, sous bonne garde. «La Préfecture de police a immédiatement renforcé le dispositif de sécurité autour du musée. Des policiers en tenue sont en faction en permanence devant l’édifice. Et nous avons renforcé notre propre dispositif», ajoute Paul Salmona.
Besoin de se souvenir
Dans l’enceinte du musée, le calme et la sérénité règnent. Les visiteurs explorent l’histoire du judaïsme, dans une atmosphère de recueillement. Après s’être plongée dans son arbre généalogique, Carol découvre il y a deux mois à peine qu’elle est d’ascendance juive, ses ancêtres ayant vécu en Alsace-Lorraine. Alors pour la touriste américaine, «pas question de visiter Paris sans passer par le MAHJ».
L’une apprend l’arabe, l’autre l’hébreu. Pour Irène et Micol, deux étudiantes italiennes en Erasmus à Paris, les récents événements donnent encore plus de sens à leur visite. D’abord «inquiètes et oppressées par la présence policière et le point de contrôle à l’entrée du musée», les deux jeunes femmes découvrent les œuvres exposées en toute quiétude.
Pour Micol, dont une partie de la famille est juive, visiter ce musée est un moyen de s’imprégner de l’histoire de ses aïeux. «Etre Juif n’est pas qu’une affaire de religion, dit-elle, c’est aussi dans notre sang, l’Histoire compte». Sa camarade, qui compte bien apprendre l’hébreu à son tour, se verrait bien travailler dans une ONG au Moyen-Orient et aussi, qui sait, «œuvrer pour la paix des peuples».
Antisémitisme et fanatisme
L’annonce de l’arrestation de Mehdi Nemmouche, auteur présumé de la fusillade du Musée juif de Bruxelles, a été accueillie «avec soulagement» par Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Avec inquiétude aussi: «700 citoyens français combattent en Syrie. Lorsqu’ils vont revenir, ils vont devenir 700 bombes à retardement», a-t-il ajouté.
«Il s’agit d’un antisémitisme nouveau», déclare Elisabeth Weissmann, journaliste et essayiste croisée au MAHJ.
«Une mouvance qui vient des populations fanatisées et découle de la situation au Moyen-Orient, Mais la France n’est pas antisémite», conclut la journaliste.