Victoire historique du Front national, largement en tête aux européennes
Le Front national a remporté une victoire historique dimanche ...© 2014 AFP
Le Front national a remporté une victoire historique dimanche aux élections européennes en France, selon plusieurs instituts de sondage qui le placent à plus de quatre points devant l'UMP et loin devant le PS, nouvelle claque pour l'exécutif après la débâcle des municipales.
Le vice-président du Front national Florian Philippot a aussitôt salué «un score historique» faisant, selon lui, du parti d'extrême droite le «premier parti de France». «Un choc à l'échelle du monde», selon l'ex-candidate PS à la présidentielle Ségolène Royal.
Le parti, dirigé par Marine Le Pen, a coiffé au poteau toutes les autres formations pour la première fois de son histoire à un scrutin organisé sur tout le territoire national. En 2002, son père Jean-Marie Le Pen avait provoqué un séisme politique en se qualifiant pour le second tour de la présidentielle avec 16,86% des voix.
Marine Le Pen s'était donné pour objectif d'arriver en tête et devenir ainsi «le premier parti de France», une affirmation qu'il convient d'atténuer compte tenu du haut niveau de l'abstention (autour de 59% selon l'IFOP).
Le Parti socialiste n'est pas parvenu à enrayer l'hémorragie des municipales de mars au cours desquelles il avait perdu 155 villes de plus 9.000 habitants. Ni la tribune de François Hollande - «Sortir de l'Europe c'est sortir de l'Histoire», a-t-il mis en garde - ni l'implication de Manuel Valls dans la campagne n'ont permis de redresser la barre.
L'arrivée de l'UMP derrière le FN pourrait accélérer les règlements de comptes au sein du parti dirigé par Jean-François Copé, toujours en proie a une profonde crise de leadership. «L'UMP va avoir besoin d'une profonde reconstruction», selon le vice-président du parti Laurent Wauquiez.
Englué dans l'affaire Bygmalion -des surfacturations présumées au profit d'une société dirigée par des proches du président de l'UMP- M. Copé a promis de faire «toute la lumière» sur ce dossier. Mais certains dirigeants ne vont pas attendre pour réclamer sa tête, notamment François Fillon, qui n'a toujours pas digéré les conditions de sa défaite lors de la bataille pour la présidence du mouvement, en octobre 2012.
Sur le fond, cette défaite face au FN pourrait aussi relancer le débat sur la «droitisation» du mouvement, opérée sous Nicolas Sarkozy et poursuivie par Jean-François Copé.
Avec autour de 10% des voix, selon les estimations, le centre limite la casse, d'autant qu'il innovait avec une alliance UDI-MoDem, fondée par Jean-Louis Borloo et François Bayrou.
-Déception pour EELV et le Front de gauche-
Avec un peu moins de 10% des suffrages, EELV arrive loin derrière sa performance de 2009 (16,3%), tirée par la locomotive Daniel Cohn-Bendit.
Entre 6 et 7%, le Front de gauche ne fait pas beaucoup mieux que son score des dernières européennes, qui l'avaient vu naître.
Le scrutin a été clos à 18h00 dans les petites communes, à 19h00 dans certaines, à 20h00 dans les autres, en particulier en Ile-de-France. Pour faciliter la participation, plus de 400 communes avaient retardé l'heure de fermeture.
Quelque 24 listes se présentaient en moyenne dans chacune de ces circonscriptions, de 19 en Outremer à 31 en Ile-de-France.
Pour la première fois, le Parlement européen devrait être le faiseur de roi en choisissant le nom du successeur de José Manuel Barroso à la tête de la Commission européenne. A condition qu'une majorité claire se dessine dans l'hémicycle. L'affaire se jouera en principe entre le conservateur luxembourgeois Jean-Claude Juncker et le social-démocrate allemand Martin Schulz. Mais beaucoup de Français ne connaissent ni l'un ni l'autre.
Partout, dans l'Union européenne, les résultats officiels ne seront publiés qu'à 23H00, heure de clôture du scrutin en Italie, dernier pays à fermer ses bureaux. Toutefois dès 20H00, les estimations des instituts de sondage permettront de connaître les tendances.
Dans l'après-midi, le Front national, mais aussi d'autres formations, dénoncé des «dysfonctionnements», comme l'absence de bulletins de vote dans certains bureaux. Des accusations auxquelles l'Intérieur a répliqué en affirmant qu'«aucun fait avancé» par le FN «ne porte atteinte à la sincérité du scrutin».
Le vote a été marqué par les suites de l'attaque meurtrière de la veille contre le Musée juif de Bruxelles. Pour François Hollande, qui a voté à Tulle, le «caractère antisémite» de cette attaque «ne fait pas de doute». A l'issue de son vote à Evry, le Premier ministre Manuel Valls a adressé un message «de solidarité et de compassion» au peuple belge.