Souad Merah serait bien en Syrie avec ses quatre enfants
•La soeur de Mohamed Merah, dont les autorités avaient perdu la trace, serait bien partie en Syrie avec ses quatre enfants, a reconnu vendredi le gouvernement, promettant une loi pour "empêcher" à l'avenir ce type de départs.© 2014 AFP
La soeur de Mohamed Merah, dont les autorités avaient perdu la trace, serait bien partie en Syrie avec ses quatre enfants, a reconnu vendredi le gouvernement, promettant une loi pour «empêcher» à l'avenir ce type de départs.
«Il y a une forte présomption de sa présence en Syrie», a déclaré le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve au sujet de Souad Merah et de ses enfants âgés de neuf mois à 14 ans.
Les autorités ont constaté la disparition lorsqu'une école a signalé, le 20 mai, l'absence d'un enfant. La section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert jeudi une enquête préliminaire.
Les enquêteurs ont reconstruit son parcours: selon des sources policières, ses contacts avec ses proches ont permis de géolocaliser ses mouvements, de même que sa présence sur les listes de passagers de Turkish Airlines.
Vraisemblablement début mai, mère et enfants quittent Toulouse dans un monospace, destination Barcelone.
«Souad Merah a pris un avion le 9 mai Barcelone-Istanbul, puis dans la foulée, un vol Istanbul-Gaziantep», a dit Bernard Cazeneuve. Ils arrivent en fin de soirée dans cette ville turque située à quelque 70 km au nord d'Alep. Elle pourrait avoir rejoint son compagnon, déjà en Syrie.
Le ministre a glissé avoir ces informations «depuis quelques jours».
Qu'elle parte pour la Syrie, «c’est son problème», a réagi l'avocat de la jeune femme Christian Etelin, mais s'il se confirme que cette femme, si soucieuse de la sécurité de ses enfants, les a emmenés sur un terrain aussi dangereux, «il faut qu'elle soit devenue totalement irresponsable et proche de la folie».
Son père, Mohamed Merah, continue de démentir cette version. «Elle m'a dit qu'elle se trouvait en Tunisie» lors d'un appel téléphonique mercredi, a-t-il affirmé à l'AFP en Algérie où il réside. «L'année dernière, elle a fait le même coup. Elle est partie en vacances au Maroc, sans prévenir personne. Son absence a provoqué une alerte autour de la famille.»
- Dysfonctionnements dans la surveillance? -
Près d'une cinquantaine de procédures judiciaires sont en cours à Paris sur des départs, avérés ou planifiés, de candidats au jihad en Syrie, un phénomène qui s'intensifie et inquiète les autorités.
Mais le profil de Souad Merah est particulier. Cette femme de 35 ans, adepte d'un islam rigoureux et entièrement voilée de noir en public, est la soeur aînée de Mohamed Merah, qui a assassiné trois parachutistes puis trois enfants et un enseignant juifs au nom du jihad en mars 2012 à Toulouse et Montauban, avant d'être tué dans un assaut de la police.
Le ministre de l'Intérieur a refusé de parler d'une éventuelle «inefficacité» de la police. «Les services (de police et de renseignement,ndlr) ont fait leur travail», a même assuré son entourage à l'AFP.
Selon des sources proches de l'enquête, l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la «police des polices», se penche néanmoins sur d'éventuels dysfonctionnements, ce que la place Beauvau a tenu à infirmer. «Face à une menace sans cesse mouvante, nous devons en permanence nous adapter. C'est la raison pour laquelle l'IGPN, au moment où nos services de renseignement se réorganisent, va faire des propositions destinées à les rendre encore plus performants», a précisé l'entourage du ministre.
Cette affaire tombe mal pour le gouvernement, qui met en avant les premiers résultats de son plan contre les filières jihadistes vers la Syrie présenté en avril. Selon une source proche du dossier, quelque 780 personnes vivant en France sont en route vers, ont rallié ou sont revenues de Syrie.
«Il y a un problème juridique», a souligné Bernard Cazeneuve. Si une personne, comme Souad Merah, n'est pas sous contrôle judiciaire, «nous avons une impossibilité en l'état du droit français d'empêcher ce type de départs». Or il n'y avait «aucune charge retenue» contre elle, à l'issue de sa garde à vue dans l'enquête sur les meurtres perpétrés par son frère.
Bernard Cazeneuve a promis «des dispositions législatives» pour «empêcher de façon administrative ces départs», «dès lors qu'il y a un risque» ou «des présomptions».
Cette loi sera présentée en Conseil des ministres en juin et débattue au Parlement à l'automne.