Accessibilité aux handicapés: «Marseille a pris 10 ans de retard»
URBANISME•À l’occasion du baromètre annuel publié par l’APF, rencontre avec Joseph, 57 ans...A Marseille, Caroline Delabroy
Pour sortir au cinéma, faire les boutiques ou tout simplement boire un café, Joseph quitte son quartier de Saint-Barnabé. «Je vais à Plan de Campagne, La Valentine ou Gémenos, c’est facile de se garer et pratiquement tout est accessible en fauteuil roulant», explique-t-il.
Pour lui, Marseille a pris au moins dix ans de retard sur tout ce qui touche l’accessibilité (voirie, transports, logement, services publics, etc.). Il le dit sans colère: «Je ne suis pas là pour juger, je sais que certains petits commerçants n’ont peut-être pas les moyens d’aménager des rampes.»
La voiture indispensable
Lui qui a grandi dans le Panier sait très bien aussi « qu’il y a des endroits à Marseille que l’on ne pourra jamais rendre accessibles ». Derrière le sourire, omniprésent, la voix se fait en revanche plus sévère contre les incivilités: «Certains empiètent avec leur véhicule sur les emplacements handicapés, ils ne pensent pas qu’on a besoin d’un dégagement pour rentrer avec le fauteuil.»
À moins d’emprunter le tramway, la voiture est pourtant indispensable pour envisager un déplacement serein. «Très bien l’ascenseur dans les nouvelles stations de métro, mais il n’y a pas de plateforme pour rentrer dans la rame», regrette Joseph. Idem pour le bus: les arrêts ne sont pas adaptés. Il reste le transport à la demande, mais pas question d’échanger au dernier moment une sortie cinéma contre une sortie plage.
Ardent pédagogue, Joseph représente les usagers auprès de nombreuses institutions. Il fait aussi du bénévolat dans les écoles. À un jeune qui lui disait que la place handicapée en bas de chez lui était toujours vide, sous-entendue inutile, il a répondu: «Et si je viens dîner chez toi?»