Education: «Le malaise entre les familles et l’école existe depuis longtemps»
INTERVIEW•Catherine Blaya, présidente de l ’Observatoire International de la Violence à l’École, estime qu'un meilleur dialogue entre les parents d'élèves et l'institution permettrait d'éviter nombre de conflits...Delphine Bancaud
Alors qu’une étude révélée ce mardi par Le Parisien, indique que près de la moitié (49 %) des directeurs d’écoles élémentaires et maternelles se sont fait agresser verbalement ou physiquement par des parents d’élèves en 2012-2013, Catherine Blaya, présidente de l’Observatoire International de la Violence à l’École, explique comment mieux prévenir les conflits entre les parents d’élèves et la communauté éducative.
Comment expliquer les tensions fréquentes entre les parents d’élèves et les représentants de l’école?
Le malaise entre les familles et l’école existe depuis longtemps et se nourrit d’incompréhensions réciproques. Certains parents, pour lesquels la scolarité a été une souffrance, se montrent méfiants à l’égard de la communauté éducative. Ils craignent d’entendre des réflexions négatives sur leurs enfants, qui contribueraient à les disqualifier en tant qu’éducateurs. D’autres entretiennent le mythe d’une école dont le niveau aurait baissé et se montrent trop exigeants. Les enseignants et les directeurs d’école sont, de leur côté, parfois maladroits lorsqu’ils se positionnent en donneurs de leçons. Et ils ont aussi parfois des a priori sur les familles, qu’ils jugent démissionnaires sans les connaître.
Comment rétablir un meilleur climat entre eux?
En faisant en sorte que les parents d’élèves et les équipes pédagogiques apprennent à mieux se connaître. Il faut tout d’abord communiquer différemment, et pas uniquement à propos des bulletins scolaires des enfants. Il faut davantage impliquer les parents dans la vie de l’école, par exemple en les invitant à participer aux sorties scolaires, en organisant avec eux des manifestations culturelles ou en leur ouvrant l’accès au centre de documentation de l’école. De telles initiatives existent déjà et permettent à de nombreux parents de dédramatiser l’école et de percevoir les enseignants autrement que comme les censeurs de leurs enfants.
Faut-il également revoir les sanctions attribuées aux élèves, qui sont souvent à l’origine des conflits?
Oui, elles doivent être graduées et adaptées à la gravité des comportements. Il faut aussi mieux expliquer le règlement intérieur aux élèves et à leurs parents et l’appliquer de manière homogène. Car les enseignants ont souvent des lectures différentes du règlement, ce qui génère des sanctions inégales.
Le recours à la médiation semble également insuffisant…
Oui, car trop peu de parents savent qu’il existe des médiateurs au sein des rectorats, chargés de trouver des solutions en cas de conflits avec l’équipe pédagogique. Or, ces intermédiaires sont souvent très efficaces et permettent le retour à la sérénité.