Bertrand Cantat chaleureusement accueilli avec Détroit au Printemps de Bourges
•Pour son retour dans l'arène des festivals, Bertrand Cantat a été chaleureusement accueilli jeudi au Printemps de Bourges, où il a été rejoint sur scène par ses amis de Shaka Ponk pour le concert de son nouveau groupe Détroit.© 2014 AFP
Pour son retour dans l'arène des festivals, Bertrand Cantat a été chaleureusement accueilli jeudi au Printemps de Bourges, où il a été rejoint sur scène par ses amis de Shaka Ponk pour le concert de son nouveau groupe Détroit.
Détroit, le duo qu'il a formé avec le multi-instrumentiste Pascal Humbert, a fait ses premiers pas sur scène il y a seulement quelques jours à Clermont-Ferrand.
Très attendue, la tournée affiche complet depuis plusieurs mois et une série de Zénith est déjà prévue cet automne dans la foulée d'un premier album «Horizons» qui s'est vendu à 160.000 exemplaires depuis sa sortie en novembre.
Mais la venue de Détroit au Printemps de Bourges jeudi avait valeur de symbole. Pour la première fois, Bertrand Cantat allait se retrouver devant un public qui ne lui était pas forcément acquis, dans une soirée où se produisait également Girls in Hawaii, Fauve et les Anglais de Metronomy.
D'emblée, l'ancien chanteur de Noir Désir a pu être rassuré. Dès son arrivée sur scène, il a été accueilli par une ovation des festivaliers.
En quelques concerts seulement, Détroit, épaulé sur scène par trois musiciens supplémentaires, a déjà gagné en assurance.
Très à l'aise, juvénile malgré ses 50 ans, Betrand Cantat est toujours aussi charismatique, jouant avec sa voix puissante et éraillée.
Après avoir longtemps joué les invités de groupes amis, il peut rendre cette fois la pareille en faisant monter sur scène Sam, la chanteuse de Shaka Ponk qui l'accompagne sur «Sa Majesté», un des titres de Détroit.
Le son est résolument rock, rappelant souvent celui de Noir Désir. Mais l'essentiel du concert est consacré au nouveau répertoire du groupe.
L'atmosphère sombre de l'album, comme les chansons «Horizon» sur la prison ou «Ange de désolation», se ressent sur l'ambiance de la soirée. Le public applaudit chaleureusement chaque titre, mais écoute en silence, sans s'enflammer.
Le concert pâtit aussi de quelques longueurs et d'un rythme qui varie peu, sauf sur la fin. Après deux morceaux dépouillés à la guitare et au violoncelle -- dont le beau et désolé «Droit dans le soleil» --, le groupe finit par une version explosive de «Tostaky» sur laquelle le public se libère enfin.
Si Noir Désir parlait comme personne à ceux qui avaient 20 ans dans les années 90, Fauve parle comme personne à ceux qui ont 20 ans aujourd'hui.
Le collectif, qui précédait Détroit sur scène, a d'ailleurs rendu un bref hommage à ses aînés.
L'année dernière, le groupe gagnait haut la main le prix des découvertes du festival, après un concert sur la petite scène du 22, «qui ressemblait à un entretien d'embauche», a rappelé Quentin, le chanteur, au public.
Un an plus tard, le chemin parcouru est impressionnant. Après un premier album qui a fait figure d'événement en février, le groupe a rempli 20 Bataclan à Paris et a déjà accédé au rang de tête d'affiches des festivals.
On comprend aisément pourquoi en regardant le public d'adolescents et de vingtenaires qui se presse devant la scène et pour qui chaque mot, chaque texte comptent.
Sur la scène qu'il arpente comme un boxeur, Quentin déverse avec une rage qui prend à la gorge ses angoisses, ses doutes, ses faiblesses et ses espoirs, qui sont aussi ceux de son public.
Comme l'album «Vieux Frères», le concert est construit comme la traversée d'un tunnel, plongeant dans les abysses de la dépression jusqu'à l'impressionnant «Voyou», pour mieux remonter vers la surface.
Quand Quentin termine en hurlant «si tu nous entends, souviens-toi que t'es pas tout seul. Jamais», c'est toute «la famille» Fauve qui part regonflée à bloc.