Willy Bardon, seul mis en examen dans l'affaire Kulik, va sortir de prison
Willy Bardon, mis en examen pour sa participation au viol et au meurtre d'Elodie Kulik dans la Somme en 2002, va sortir de prison sous surveillance électronique, alors que sa défense estime que la procédure manque d'éléments à charge.© 2014 AFP
Willy Bardon, mis en examen pour sa participation au viol et au meurtre d'Elodie Kulik dans la Somme en 2002, va sortir de prison sous surveillance électronique, alors que sa défense estime que la procédure manque d'éléments à charge.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Amiens a accepté vendredi la remise en liberté sous bracelet électronique de M. Bardon, 39 ans, mis en examen en janvier 2013 et en détention provisoire depuis cette date.
Willy Bardon devrait sortir de la maison d'arrêt d'Amiens «dans les prochains jours» selon son avocat, Me Stéphane Daquo, qui n'a pas souhaité en dire davantage pour préserver la sécurité de son client. Ce délai doit permettre la pose du bracelet électronique à M. Bardon.
M. Bardon sera suivi par le service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) et ne pourra «pas s'absenter, sauf pour répondre aux convocations de la justice ou rencontrer ses avocats», a précisé Jean-Philippe Rivaud, magistrat délégué à la communication au parquet général près la cour d'appel d'Amiens.
Une fois assigné à résidence, Willy Bardon «y travaillera»: «Il y aura des activités» sur place, a déclaré Me Grégoire Lafarge, également son avocat.
Elodie Kulik, 24 ans, directrice d'une agence bancaire à Péronne (Somme), avait été violée puis étouffée en janvier 2002. Son corps avait été retrouvé en partie calciné dans un champ à quelques kilomètres, à Tertry.
Dix ans plus tard, l'enquête avait connu un tournant avec l'identification par recoupement d'ADN d'un suspect, Grégory Wiart, mort dans un accident de voiture quelques mois après le meurtre. Willy Bardon était l'un de ses amis.
L'enregistrement de l'appel d'Elodie Kulik aux sapeurs-pompiers juste avant sa mort, sur lequel on distingue au moins deux voix d'hommes avec un fort accent picard, est, selon la défense, le seul élément à charge de l'accusation.
- La voix de M. Bardon reconnue -
La voix de M. Bardon avait été reconnue par l'ancienne compagne de Grégory Wiart et par cinq des six hommes placés en garde à vue en même temps que lui en janvier 2013, ainsi que dans une première expertise. Le mis en examen avait lui-même dit aux enquêteurs que la voix sur la bande sonore ressemblait à la sienne, avant de se rétracter, en niant toute implication dans l'affaire.
Or, dans une nouvelle expertise de l'enregistrement effectuée récemment par les gendarmes, les enquêteurs se disent incapables de désigner la voix de M. Bardon comme l'une des deux voix entendues et de distinguer les propos prononcés, selon Me Lafarge.
La défense de M. Bardon s'était appuyée sur cette nouvelle expertise pour demander sa remise en liberté.
«Le filet de voix retenu à charge contre M. Bardon, compte tenu notamment des dernières expertises, ne s'avère pas du tout être un élément de preuve suffisamment étayé et objectif pour avoir les éléments justifiant d'un maintien en détention», a martelé Me Lafarge.
Le père d'Elodie, Jacky Kulik, a déploré sur France Bleu Picardie que «le confort des criminels prime sur la souffrance des familles de victimes».
«Bardon est en prison, il se plaint (...) mais moi, il y a douze ans que je pleure ma fille», a ajouté M. Kulik.
«Sur le plan du symbole, c'est douloureusement ressenti par Jacky Kulik même si je lui ai expliqué que ça reste une détention qui sera imputée sur une peine éventuelle», a commenté son avocat, Me Didier Robiquet.
Jacky Kulik a dit craindre «que Bardon profite de cette demi-liberté pour s'enfuir»: «Si jamais il arrivait à nous échapper, je saurai bien qui a permis sa remise en semi-liberté».
Mais, a prévenu le porte-parole du parquet général, «si toutefois il y avait une tentative de fuite, il peut être réincarcéré purement et simplement».