Maurice Agnelet condamné à 20 ans de prison pour l'assassinat d'Agnès Le Roux
Maurice Agnelet, 76 ans, a été condamné vendredi à Rennes ...© 2014 AFP
Maurice Agnelet, 76 ans, a été condamné vendredi à Rennes à 20 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat en 1977 de sa maîtresse Agnès Le Roux, jeune héritière d'un casino niçois, au terme d'un troisième procès qui a vu sa famille se déchirer sur sa culpabilité.
Ce verdict de la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, annoncé au terme de sept heures et demie de délibération, est conforme aux réquisitions du parquet et à la précédente condamnation de Maurice Agnelet lors de son deuxième procès à Aix-en-Provence.
«C'est un point final et il était temps», a déclaré Jean-Charles Le Roux, frère d'Agnès, tout en regrettant que l'accusé n'ait pas avoué le meurtre durant son procès. «Maurice Agnelet détient la vérité, on aurait aimé savoir, notamment pour ma mère, où est le corps d'Agnès», a-t-il déclaré.
Imperturbable comme il l'a été tout au long des quatre semaines d'audiences, Maurice Agnelet n'a pas particulièrement réagi à l'annonce de sa condamnation, alors que les membres de la famille d'Agnès Le Roux s'étreignaient longuement.
Il décidera samedi s'il se pourvoit ou non en cassation, a déclaré son avocat, Me François Saint-Pierre, à la sortie de la salle d'audience.
«Nous ferons une demande de libération conditionnelle dans les mois qui viennent», eu égard notamment à son âge, a dit Me Saint-Pierre. En vertu de la loi, Maurice Agnelet ayant plus de 70 ans et purgé cinq ans et demi de prison, «il serait recevable à formuler» une telle demande «dans les mois qui viennent», a expliqué l'avocat.
Maurice Agnelet avait demandé pardon vendredi matin à la famille d'Agnès, «pour le mal», avait-il dit, «que j'ai pu leur faire par mon attitude, mes propos depuis la disparition incroyable et dramatique d'Agnès», mais sans reconnaître le meurtre.
Lundi, Guillaume Agnelet, l'un des fils de l'accusé, avait créé la surprise en affirmant que ses parents lui avaient confié que Maurice Agnelet était l'auteur du crime. Le clan Agnelet s'est ensuite affronté dans un climat d'intense tension à l'audience, la mère de Guillaume contestant ses accusations.
Avant que les jurés ne se retirent pour délibérer, vendredi matin, Maurice Agnelet a aussi demandé pardon à sa famille: «Je me suis rendu compte que j'avais gâché leur vie et celle de leur mère».
«Qui avait intérêt à ce que disparaisse Agnès Le Roux, sinon Maurice Agnelet?», avait lancé jeudi l'avocat général Philippe Petitprez dans son réquisitoire de plus de trois heures.
Méthodiquement, le magistrat avait écarté toutes les autres hypothèses pouvant expliquer la mystérieuse disparition d'Agnès Le Roux: la disparition volontaire, la mort accidentelle ou encore l'assassinat par la pègre.
«Celui qui est au centre de l'affaire, c'est Maurice Agnelet», a martelé l'avocat général, ajoutant: «J'ai la certitude que Maurice Agnelet est coupable.»
- «Un mobile, pas de preuve matérielle» -
Le corps d'Agnès Le Roux, disparue à la Toussaint 1977 à l'âge de 29 ans, n'a jamais été retrouvé, ni son véhicule. Cette absence de preuve matérielle a fait planer le doute sur la culpabilité de Maurice Agnelet.
La disparition de la jeune femme intervenait quelques mois après qu'elle eut vendu ses parts du casino à un concurrent pour 3 millions de francs. La somme, d'abord versée sur un compte commun aux deux amants à Genève, s'est retrouvée après la disparition d'Agnès sur un compte au seul nom d'Agnelet.
Bénéficiaire d'un non-lieu en 1985, puis acquitté en 2006, Maurice Agnelet a été condamné en appel à 20 ans de prison en 2007, avant que la Cour européenne des droits de l'homme estime, début 2013, que ce procès n'était pas équitable.
Les révélations de Guillaume Agnelet ont fait vaciller la stratégie du «doute» sur laquelle se fondait la défense.
Cela n'a pas empêché l'avocat de Maurice Agnelet de réclamer l'acquittement. «Vous avez le devoir de prononcer l'acquittement car vous n'avez pas la preuve de la culpabilité», a-t-il martelé.
«Faute de preuve, de scène de crime, de témoins, on se met à interpréter des éléments» au détriment de son client, a déploré Me Saint-Pierre, selon qui «un mobile n'a jamais été la preuve d'un crime».
En outre, Me Saint-Pierre s'est employé à minimiser les déclarations de Guillaume Agnelet. «Ce qu'il dit est bien évidemment sincère. Mais ce qu'il dit peut-il valoir preuve criminelle?», a-t-il demandé.