Affaire Le Roux: Maurice Agnelet bientôt fixé sur son sort
JUSTICE•Vingt ans de réclusion ont été requis...L.Be. avec AFP
L'heure du verdict. Maurice Agnelet sera fixé sur son sort vendredi. Vingt ans de réclusion ont été requis jeudi à son encontre pour l'assassinat de la jeune héritière Agnès Le Roux en 1977, au terme de quatre semaines d'audience devant la cour d'assises de Rennes qui statuait en appel. «Qui avait intérêt à ce que disparaisse Agnès Le Roux, sinon Maurice Agnelet?», a lancé l'avocat général Philippe Petitprez dans son réquisitoire, qui a duré plus de trois heures.
Philippe Petitprez a ensuite réclamé la même peine que celle à laquelle Maurice Agnelet avait été initialement condamné le 11 octobre 2007 par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, statuant en appel. Cette condamnation a ensuite été remise en cause par Cour européenne des droits de l'Homme qui avait estimé qu'il n'avait pas eu droit à un procès équitable.
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«J'ai la certitude que Maurice Agnelet est coupable»
L'avocat général a décrit l'accusé comme un homme «assoiffé de réussite et de pouvoir à n'importe quel prix» dont le mobile est l'argent, celui d'Agnès Le Roux. Méthodiquement, le magistrat a écarté toutes les autres hypothèses pouvant expliquer la mystérieuse disparition d'Agnès Le Roux: la disparition volontaire, la mort accidentelle ou encore l'assassinat par la pègre. Celui qui est au centre de l'affaire, c'est Maurice Agnelet. Tout nous ramène vers Maurice Agnele», a martelé l'avocat général, ajoutant: «J'ai la certitude que Maurice Agnelet est coupable».
Peu après, l'avocat de Maurice Agnelet a, lui, réclamé l'acquittement. «Vous avez le devoir de prononcer l'acquittement car vous n'avez pas la preuve de la culpabilité », a-t-il martelé. «Faute de preuve, de scène de crime, de témoins, on se met a interpréter des éléments» au détriment de son client, a déploré Me Saint-Pierre, selon qui: «un mobile n'a jamais été la preuve d'un crime ».
Le fils d'Agnelet crée la surprise
S'adressant aux jurés dans la matinée, l'avocat de la famille Le Roux, Me Hervé Temime, leur avait demandé de condamner Maurice Agnelet «sans le moindre doute» pour le meurtre de sa maîtresse. «Je ne croyais pas que la vérité éclaterait avec autant de certitude: Agnelet est coupable et nous savons où, quand et comment», a-t-il lancé dans sa plaidoirie, en référence aux déclarations de Guillaume, l'un des fils Agnelet, qui a créé la surprise en venant accuser son père du meurtre lors de la dernière semaine du procès.
La disparition d'Agnès Le Roux intervenait quelques mois après que la riche héritière du casino Le Palais de la Méditerranée, à Nice, eut vendu ses parts, pour trois millions de francs, à Jean-Dominique Fratoni, le patron du casino voisin, Le Ruhl. Cet argent, d'abord versé sur un compte commun aux deux amants, se retrouvera sur un compte au seul nom de Maurice Agnelet après la disparition de le jeune femme, alors âgée de 29 ans.
Ces éléments troublants qui accablent Agnelet.
L'emploi du temps de l'ancien avocat entre les 27 et 29 octobre 1977, date de la disparition d'Agnès Le Roux, qui n'a jamais été revue depuis, laisse apparaître des zones d'ombre, d'autant plus que son alibi de l'époque, Françoise Lausseure, s'est rétractée en 1999.
Les jurés ont dû être aussi particulièrement interpellés par le témoignage de Guillaume Agnelet, venu à la barre mercredi pour confirmer ses accusations contre son père, accusations contestées aussi bien par sa mère, Annie Litas, que par son frère Thomas. La confrontation entre la mère, entendue en visioconférence, et le fils, puis celle entre les deux frères Agnelet, aux positions diamétralement opposées, a viré au drame familial. Mais Guillaume a maintenu ses accusations.
La police italienne a ouvert une enquête sur la recherche de possibles restes humains près de Monte Cassino, où Guillaume affirme que ce serait déroulé le meurtre d'Agnès Le Roux. De son côté, Maurice Agnelet a maintenu sa ligne de défense.