JUSTICEAffaire Agnès Le Roux: Maurice Agnelet bientôt fixé sur son sort

Affaire Agnès Le Roux: Maurice Agnelet bientôt fixé sur son sort

JUSTICELes plaidoiries des parties civiles et le réquisitoire de l'avocat général ont lieu ce jeudi...
Maurice Agnelet quitte la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, à l'issue du troisième jour de son procès, le 9 avril 2014 à Rennes
Maurice Agnelet quitte la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, à l'issue du troisième jour de son procès, le 9 avril 2014 à Rennes - jean-Sébastien Evrard AFP
20 Minutes avec AFP

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Au lendemain d'une journée pleine de tensions, le procès de Maurice Agnelet, jugé à Rennes depuis près de quatre semaines pour l'assassinat de sa maîtresse Agnès Le Roux, en 1977, rentre jeudi dans sa dernière ligne droite avec les plaidoiries des parties civiles et le réquisitoire de l'avocat général.

La plaidoirie de Me François Saint-Pierre, l'avocat de Maurice Agnelet, est prévue vendredi dans la matinée. Ce dernier, acquitté une première fois en 2006, puis condamné à 20 ans de réclusion criminelle en appel un an plus tard, saura dans la soirée de vendredi quel sort lui ont réservé les jurés de la Cour d'assises d'Ille-et-Vilaine. Agnelet doit son troisième procès à une décision de la justice européenne qui avait estimé qu'il n'avait pas eu droit à un procès équitable.

Retour point par point sur les charges pesant sur l'accusé

Jeudi, tant l'avocat des parties civiles, Me Hervé Temime, que l'avocat général, Philippe Petitprez, devraient revenir point par point sur les charges qui pèsent sur l'accusé et les contradictions qui ont émaillé ses déclarations tout au long des audiences.

Depuis leur début, le 17 mars dernier, plus de 36 ans après les faits, une charge revient sans cesse: après la disparition de la riche héritière d'un casino niçois, le Palais de la Méditerranée, l'argent que les deux amants avaient sur un compte commun s'est retrouvé sur un compte ouvert au seul nom de Maurice Agnelet. La somme - quelque trois millions de francs - provenait de la vente par Agnès Le Roux de ses parts dans le casino familial, à Jean-Dominique Fratoni, le patron du casino voisin et féroce concurrent.

Cette vente intervenait dans un contexte particulier, la «guerre des tapis verts» qui régnait alors sur la Côte d'Azur. Elle avait créé un séisme dans le clan Le Roux qui avait perdu le contrôle du Palais de la Méditerranée.

L'emploi du temps de l'ancien avocat, notamment entre les 27 et 29 octobre 1977, dates de la disparition d'Agnès Le Roux, qui n'a jamais été revue depuis, laisse apparaître des zones d'ombre.

Lui assure qu'il est allé les 27 et 28 octobre à Genève, avec une autre de ses maîtresses, Françoise Lausseure. Celle-ci a confirmé pendant de longues années cet alibi, mais s'est finalement rétractée en 1999. Ce témoin capital, qui habite au Mexique, n'a cependant pas fait le déplacement à Rennes.

Drame familial

D'autres éléments troublants ont marqué ces audiences, mais les jurés ont dû être particulièrement interpellés par le témoignage de Guillaume Agnelet, le fils de l'accusé, venu à la barre mercredi pour désigner son père comme l'auteur du crime. Une certitude évoquée dès lundi et fondée sur différentes confidences de ses propres parents, que ceux-ci ont niées en bloc mercredi, dans un climat de très grande tension.

La mère de Guillaume Agnelet, Annie Litas, a ainsi formellement contesté les déclarations de son fils, évoquant même la perte, à un moment de la vie de ce dernier, de «son équilibre psychique».

La confrontation devant la cour entre la mère, entendue en visioconférence, et le fils, puis celle entre les deux frères Agnelet, aux positions diamétralement opposées, a viré au drame familial. Mais Guillaume Agnelet, isolé, a maintenu ses accusations. «Ce qui tue plus que la vérité, c'est le secret, et j'ai vécu plus de 30 ans dans le secret», a-t-il dit, en larmes, en référence à son silence pendant des décennies.

Pour ajouter au drame, Annie Litas a envoyé un SMS à son fils Guillaume dans la soirée, lui assénant: «Tu vas pouvoir dormir tranquille avec la mort de ta mère sur la conscience», menaçant implicitement de se suicider.

Alors que la police italienne a ouvert une enquête sur la recherche de possibles restes humains près de Monte Cassino, Maurice Agnelet, à nouveau interrogé, a maintenu la ligne de défense qu'il a constamment adoptée depuis plus de 30 ans. «Non je n'ai pas tué Agnès», a-t-il répété, debout dans le box, la voix étouffée par des sanglots.

«Tout s'effondre autour de Maurice Agnelet et lui continue à être dans son box, ricanant, comme il l'a fait depuis le début du procès donc c'est épouvantable», a réagi Charles Le Roux, le frère d'Agnès Le Roux, sur RTL. Après les accusations du fils, il raconte avoir «tout d'un coup [visualisé] ce qui est arrivé à Agnès, à savoir qu'elle est partie en Italie et que Maurice Agnelet lui a mis une balle dans la tête. Bien que ce soit la vérité que l'on cherche lorsqu'on l'entend cette vérité c'est stupéfiant, il y a pas de mot pour évoquer ce qu'on a pu ressentir tous, c'était dingue, c'était bouleversant, c'était affreux.»