Réforme territoriale: les régions demandent un rendez-vous rapide à Valls

Réforme territoriale: les régions demandent un rendez-vous rapide à Valls

Les régions souhaitent être reçues rapidement par le Premier ...
© 2014 AFP

© 2014 AFP

Les régions souhaitent être reçues rapidement par le Premier ministre Manuel Valls pour qu'il clarifie les réformes territoriales évoquées par lui mardi devant l'Assemblée nationale, a déclaré mercredi à l'AFP le président du conseil régional de Picardie, Claude Gewerc (PS).

«On va demander une réunion rapide de l'ARF (Association des régions de France) et, dans la foulée, un rendez-vous à Matignon pour savoir un peu où il (Manuel Valls ndlr) veut aller et comment il veut y aller», a dit M. Gewerc, indiquant qu'il avait échangé à ce sujet dès mardi soir avec plusieurs de ses collègues.

«Il manque le décodeur» pour comprendre «la déclaration d'intention» faite par M. Valls au sujet de la suppression des départements, de la diminution du nombre de régions et de l'abolition de la clause générale de compétence, a estimé le président de la région Picardie.

«Je voudrais savoir comment cela va être mis en oeuvre et comment dans la pratique, on va trouver des solutions qui aillent dans le sens qu'il souhaite mais qui tiennent compte de ce qui marche depuis des décennies», et c'est là que «dialogue et clarifications s'imposent», a-t-il poursuivi.

Pour illustrer ses interrogations, M. Gewerc a cité l'impact d'une suppression des départements. Comme «on ne peut pas couper les citoyens de la proximité», cela signifierait «un glissement des prérogatives départementales vers les intercommunalités». Or, ce point n'a pas été abordé par M. Valls, a-t-il souligné.

Par ailleurs, a-t-il observé, «donner plus de pouvoirs aux régions, faire des régions plus grandes et moins nombreuses, et en même temps supprimer les départements, ce n'est pas a priori rapprocher les citoyens» des pouvoirs et services publics.

Selon M. Gewerc, depuis toujours favorable à la suppression de la clause générale de compétence, «on fera des économies en délimitant les compétences et non en réduisant les régions».

M. Gewerc est par ailleurs vent debout contre un «éclatement» de sa région au profit des trois voisines. Donner la Somme au Nord/Pas-de-Calais, l'Aisne à la Champagne-Ardenne, et l'Oise à l'Ile-de-France, n'aurait, a-t-il assuré , pas grand sens, en détruisant tout ce qui a été bâti depuis 1964 en Picardie, «pôle d'équilibre» entre Lille et Paris.

«Cela aboutirait à faire disparaître notamment l'Académie d'Amiens, en marginalisant des fleurons comme l'Université de technologie de Compiègne, qui en coopération avec l'Université de Picardie Jules Verne, a constitué le premier pôle d'Europe sur la chimie du végétal», a-t-il pris pour exemple.

La région de Picardie a été conçue, a-t-il rappelé, pour être «un pôle d'équilibre entre Lille et Paris». Ce n'est pas en plaçant les 800.000 résidents de l'Oise, et sa préfecture, Beauvais, 53.000 habitants, dans les mains du monstre qu'est déjà l'Ile-de-France, avec ses 12 millions d'habitants, que l'on défendra au mieux leurs intérêts, a déclaré en substance M. Gewerc.

Pour lui, les projets de redécoupage de la carte des régions qui circulent ne sont parfois que le fruit de «la vision géostratégique de géographes parisiens». Ainsi «la Haute Normandie a beaucoup plus de points communs avec la Picardie qu'avec la Basse Normandie», selon lui, et un «rapprochement» aurait donc bien plus d'intérêt que la reconstitution de la grande Normandie que concocterait le pouvoir central.

Cet article est réalisé par Journal du Net et hébergé par 20 Minutes.