Valls veut amadouer la gauche avant son discours de politique générale
•Manuel Valls aborde mardi la première épreuve de son mandat à Matignon, le traditionnel discours de politique générale qui doit à la fois rassembler une majorité qui rue dans les brancards et clarifier la politique économique du gouvernement.© 2014 AFP
Manuel Valls aborde mardi la première épreuve de son mandat à Matignon, le traditionnel discours de politique générale qui doit à la fois rassembler une majorité qui rue dans les brancards et clarifier la politique économique du gouvernement.
Mardi à 15h00 dans un hémicycle plein à craquer, le nouveau Premier ministre prononcera ce discours très attendu, une semaine jour pour jour après sa passation de pouvoir avec Jean-Marc Ayrault. Le gouvernement engagera dans la foulée sa responsabilité dans un vote qui remplacera celui prévu sur le pacte proposé aux entreprises pour baisser le coût du travail.
Fort pour le moment d'une cote de popularité plus de deux fois supérieure à celle de François Hollande (56% contre 27%), selon un sondage LH2 publié lundi, M. Valls promet du «concret», à l'image de discours délivré en 1988 par Michel Rocard. Preuve de l'importance de ce passage obligé pour tout Premier ministre: son prédécesseur, Jean-Marc Ayrault, avait fait naître de premiers doutes dans son camp en livrant le 3 juillet 2012 une prestation sans souffle.
Premier enjeu de ce discours, qui sera lu en même temps au Sénat par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius : détailler le pacte de responsabilité aux entreprises, promis en janvier par François Hollande pour baisser le coût du travail.
Ce pacte sera complété par un autre, dit de «solidarité», destiné à donner un peu de pouvoir d'achat aux Français, via sans doute une baisse des cotisations sur les bas salaires compensée par une suppression de la Prime pour l'emploi (PPE).
M. Valls est aussi attendu, notamment par l'opposition, sur le détail des 50 milliards d'euros d'économies promises d'ici à 2017 sur les budgets de l’État, de la Sécurité sociale et des collectivités.
- Les écologistes se détermineront mardi -
L'autre enjeu majeur pour M. Valls consiste à rassembler une majorité qui donne de la voix depuis une semaine, entre le refus des écologistes de participer au gouvernement et la pression exercée par une centaine de députés PS en faveur de nouvelles orientations économiques.
M. Valls, qui veut balayer l'idée que son prédécesseur était le seul en mesure de rassembler l'ensemble de la majorité, prend ces ruades au sérieux. Dimanche, il a ainsi reçu à Matignon des députés socialistes qui demandent un nouveau «contrat de confiance» avec le gouvernement, et la fin des politiques «d'austérité» en Europe.
La rencontre semble avoir porté ses fruits. Ces députés - issus de la gauche du parti, proches de Martine Aubry ou membres du courant de la Gauche populaire - voteront sans doute la confiance au gouvernement.
«Ce n'est pas, contrairement à ce que certains veulent faire croire, une motion de défiance», confirme le député PS Jean-Marc Germain, qui faisait partie des parlementaires reçus dimanche avec d'autres comme Laurent Baumel, Pouria Amirshahi ou Christian Paul.
Dans un courrier envoyé lundi aux députés socialistes, leur chef de file Bruno Le Roux a tenté d'apaiser les craintes des plus réticents, en assurant plaider lui aussi pour un «nouvel équilibre», avec notamment le pacte de solidarité. Et dans une interview à Libération, il a mis en garde ceux tentés de ne pas voter la confiance, soulignant qu'ils «ont souvent été élus parce que le président a été élu».
M. Valls tente aussi d'amadouer les partenaires de la majorité, en particulier les écologistes, dont les responsables parlementaires ont été reçus lundi après-midi. Les Verts, qui ont refusé de siéger au gouvernement, hésitent toujours entre le vote pour et l'abstention. Ils prendront leur décision mardi matin lors de leur réunion de groupe.
«Les députés écologistes ont été élus dans le cadre d'un pacte majoritaire», a rappelé le co-président du groupe, François de Rugy, à l'issue de la rencontre. «Ce que nous souhaitons évidemment voir, c'est si les engagements de ce pacte majoritaire de 2012 sont maintenant tenus», a-t-il ajouté, déplorant qu'un «certain nombre n'aient pas été tenus» depuis deux ans.
Le Premier ministre s'est aussi entretenu avec les communistes et radicaux de gauche. Ces derniers réservent leur réponse pour mardi matin, mais ils devraient voter pour.
Le Front de gauche hésite, lui, entre l'abstention et le vote contre. Là aussi, la décision sera prise mardi matin.
Si le gouvernement n'obtenait pas la majorité lors de ce vote de confiance, ce qui paraît très improbable, il serait renversé.