En France, les seuls risques de rage viennent de morsures à l’étranger ou d’animaux importés

En France, les seuls risques de rage viennent de morsures à l’étranger ou d’animaux importés

INTERVIEW – Alors qu’un homme en est mort jeudi en Ile-de-France, le Dr Thierry Fosse, du centre antirabique de Nice, apporte son éclairage…
Propos recueillis par Manuel Pavard

Propos recueillis par Manuel Pavard

Un homme est mort de la rage, jeudi, dans un hôpital francilien, après un séjour prolongé au Mali. Transmise par morsure d’un animal infecté (chien voire renard ou chauve-souris), la rage humaine est rarissime en France et aucun cas de contamination en métropole n’a été enregistré depuis 1924. Toutefois, une vingtaine de cas ont été recensés depuis 1977 chez des personnes contaminées à l’étranger, selon l’Institut Pasteur. Spécialiste de la maladie, le Dr Thierry Fosse exerce au centre antirabique des Alpes-Maritimes, au CHU de Nice.

Peut-on attraper la rage en France?

Il n’y a plus de cas de rage en France mais il existe deux types de risques: il faut soit avoir contracté le virus à l’étranger, soit avoir été mordu (ou griffé ou léché sur une plaie) par un animal importé. Ici, au centre antirabique, on vaccine pas mal de gens qui reviennent de pays étrangers.

Dans quel cas peut-on mourir de la rage?

Dans la plupart des cas d’encéphalite, on a affaire à des patients qui ont été mordus par un animal à l’étranger et qui n’ont pas été pris en charge à temps. Si la vaccination est trop tardive, elle n’est pas suffisante. On met alors en place une sérothérapie qui consiste à injecter des anticorps rabiques. Le patient finit parfois en réanimation et souvent décède [la rage est toujours mortelle une fois la maladie apparue].

La clé du traitement, c’est de vacciner le plus tôt possible?

Oui, la vaccination agit plus rapidement que le cheminement du virus. Les délais d’incubation varient selon les situations. Pour une morsure à la main, le virus met plusieurs semaines pour aller jusqu’au cerveau. Par contre, pour une morsure à la face, le virus gagne plus rapidement le cerveau car le visage en est plus proche.

Que faire si l’on est mordu par un animal en France?

Il y a deux cas de figure. Si on peut suivre et identifier l’animal, on voit s’il devient enragé dans les deux semaines maximum [l’animal peut en effet être contagieux une semaine à dix jours avant l’apparition de la maladie]. Le vétérinaire fait analyser le chien et le prélèvement est envoyé à l’Institut Pasteur, à Paris, qui fait le diagnostic. En revanche, dès que l’animal est perdu de vue et ne peut pas être suivi - un renard ou un chien errant par exemple -, on lance systématiquement la vaccination. La vaccination thérapeutique consiste en quatre injections, entre le premier et le trentième jour. Au centre, notre activité est essentiellement de la prévention.

Environ 55.000 décès annuels dans le monde

Dans le monde, la rage est, selon l’Institut Pasteur, à l’origine de quelque 55.000 décès annuels, le plus souvent à la suite d’une infection transmise par un chien enragé, et 17 millions de personnes reçoivent un traitement antirabique. Celui-ci concerne, chaque année, plusieurs centaines de personnes en France (près de 4100 en 2011), essentiellement à titre préventif.