Au Louvre, l'art contemporain en un éclair

Au Louvre, l'art contemporain en un éclair

Depuis mardi soir, un éclair en néon rouge traverse la pyramide du Louvre: conçu par l'artiste Claude Lévêque, il est le signe que l'art contemporain a encore une place au musée sous la présidence de Jean-Luc Martinez, dans un cadre redéfini.
"Sous le plus grand chapiteau du monde", installation de l'artiste Claude Lévêque sous la pyramide du Louvre, le soir du 2 avril 2014
"Sous le plus grand chapiteau du monde", installation de l'artiste Claude Lévêque sous la pyramide du Louvre, le soir du 2 avril 2014 - François Guillot AFP
© 2014 AFP

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Depuis mardi soir, un éclair en néon rouge traverse la pyramide du Louvre: conçu par l'artiste Claude Lévêque, il est le signe que l'art contemporain a encore une place au musée sous la présidence de Jean-Luc Martinez, dans un cadre redéfini.

Tout en légèreté, cette oeuvre de l'artiste français est installée pour un an et demi. Elle sera complétée en 2015 par une exposition de Claude Lévêque dans les fossés médiévaux du Palais. L'artiste a donné à ses deux interventions un titre global «Sous le plus grand chapiteau du monde».

Ces dernières années, sous la présidence d'Henri Loyrette, féru d'art contemporain, les artistes Tony Cragg, Wim Delvoye et Loris Gréaud avaient déjà installé des sculptures sous la pyramide de verre de l'architecte Ieoh Ming Pei.

L'exposition de Claude Lévêque a été initiée par M. Loyrette. Son successeur Jean-Luc Martinez, en fonction depuis avril 2013, a fait le choix de la maintenir. Il a même demandé à l'artiste de rétablir l'éclair sous la pyramide auquel Claude Lévêque avait renoncé pendant un temps.

La pyramide de Pei «est un lieu qui m'effrayait un peu car elle a son fonctionnement, sa transparence, sa dynamique», déclare à l'AFP Claude Lévêque. «Elle brasse un public considérable alors que je suis plus à l'aise dans un contexte plus intime», ajoute-t-il.

«Face à ce geste architectural puissant, il fallait être dans la légèreté», dit cet artiste né en 1953 à Nevers.

Le tube de néon rouge, qui traverse la pyramide, mesure 22 mètres de long. Peu visible lorsque le soleil brille, il prend toute sa force et son incandescence la nuit.

Cet éclair est l'interprétation d'un dessin enfantin. «Il y a quelques années, j'avais demandé à des enfants dans une école primaire où j'intervenais, de me dessiner à leur manière un éclair et j'ai choisi celui qui avait la plus belle dynamique», explique l'artiste. Le jeune Hanza Haboudou a de quoi être fier.

- Une programmation 'plus lisible' -

Président-directeur du Louvre depuis un an, Jean-Luc Martinez explique à l'AFP que «la création contemporaine qui s'intéresse à l'art du passé, et qui jette un regard sur cet héritage, a sa place au musée».

«Il faut qu'il y ait un intérêt des créateurs invités, pour le musée», ajoute M. Martinez. «Leur intervention permet alors un enrichissement du regard sur les oeuvres d'art ancien».

A ses yeux, «c'est parfaitement le cas avec Claude Lévêque qui s'intéresse aux collections du Louvre. Il place son intervention sous le signe de cette référence de l'art ancien», notamment avec cet éclair allégorique, souligne M. Martinez.

Vincent Pomarède, directeur de la médiation et de la programmation culturelle au Louvre, décline à l'AFP les trois éléments de la nouvelle politique du Louvre sur l'art contemporain.

«Il faut d'abord que cette création contemporaine ait un lien fort avec le musée ou l'histoire du Palais du Louvre».

Ensuite, le musée veut travailler en partenariat avec des institutions culturelles spécialisées dans l'art contemporain comme le Centre Pompidou ou le Palais de Tokyo, voire des musées en région. Sous M. Loyrette, Marie-Laure Bernardac, conservatrice générale du patrimoine, était chargée spécifiquement de l'art contemporain pour le musée.

Enfin, le Louvre cherche à être «plus lisible», «plus concentré» dans sa programmation d'art contemporain et à utiliser pour cela ses futurs espaces consacrés à l'éducation artistique.

«Pour la fin 2014, début 2015, nous avons déjà des projets», déclare M. Pomarède.

Issu des avant-gardes de la fin des années 1970, le travail de Claude Lévêque métamorphose les lieux en créant des mises en espace sensorielles par l’utilisation de la lumière, du son et d’objets.

M. Lévêque, qui vit et travaille à Montreuil (Seine-Saint-Denis) et à Pèteloup (Nièvre), a été l’artiste invité du Pavillon français à la 53e Biennale de Venise en 2009.