Assurance chômage: les intermittents font valoir leurs droits
Après une journée de manifestations jeudi et une nuit à l'opéra, les intermittents tentaient de maintenir la pression vendredi, alors que se profilait une baisse de leurs droits dans la dernière phase de négociations sur l'assurance-chômage.© 2014 AFP
Après une journée de manifestations jeudi et une nuit à l'opéra, les intermittents tentaient de maintenir la pression vendredi, alors que se profilait une baisse de leurs droits dans la dernière phase de négociations sur l'assurance-chômage.
Les intermittents, qui occupaient l'Opéra Garnier depuis jeudi soir, ont quitté les lieux à la mi-journée comme ils s'y étaient engagés auprès du ministère de la Culture et de la direction de l'Opéra, après une assemblée générale suivie par quelque 200 personnes.
Une centaine d'entre eux se sont installés au Carreau du Temple, nouveau lieu pluridisciplinaire de la Ville de Paris dans le IIIe arrondissement, récemment rénové et dont l'ouverture officielle au public est prévue le 25 avril.
Les intermittents ont prévu de rester sur place «sans doute plusieurs jours», a prévenu Fabien André du Syndeac (syndicat des employeurs du spectacle).
Ils entendent interpeller ainsi les pouvoirs publics, alors que le gouvernement doit agréer la convention d'assurance-chômage, négociée par les partenaires sociaux.
«Le Medef a reculé sur le retrait des annexes 8 et 10, mais il demande à présent que l'Etat se mette à la table des négociations avant la fin de l'année 2014» (ce qui signifierait une sortie de la négociation paritaire, uniquement entre partenaires sociaux), a indiqué à l'AFP Angeline Barth, de la CGT-Spectacle.
«Il est hors de question qu'on sorte du régime interprofessionnel pour négocier un régime purement professionnel», a-t-elle prévenu.
Après une matinée de discussions au siège du Medef, patronat et syndicats ont interrompu leurs travaux, afin de faire le point avec leurs mandants. La séance de négociation, présentée comme conclusive, doit reprendre en milieu d'après-midi.
Ils doivent tenter de trouver un compromis sur les règles d'indemnisation de 2,2 millions de chômeurs.
- Mesures d’économies -
Le régime spécifique des intermittents ne représente qu'une petite partie de la négociation.
Le déficit de ce régime, qui concerne 112.000 personnes indemnisées, s'élève à 1 milliard d'euros et son surcoût par rapport au régime général est évalué à 320 millions d'euros.
Mais, depuis la réforme drastique de 2003 et les annulations de festivals qui en avaient résulté, il a un poids symbolique et médiatique particulièrement important.
Jeudi, le patronat a abandonné son idée choc de supprimer ce régime spécifique et de réintégrer les intermittents dans le régime général, moins favorable.
Mais il a proposé plusieurs mesures d'économies touchant les intermittents les mieux indemnisés.
Il réclame un plafonnement immédiat de l'allocation maximale et du cumul allocation-salaire à 3.129 euros brut mensuels, qui permettrait de réaliser 150 millions d'euros d'économies, ainsi qu'une hausse des cotisations des salariés et employeurs du secteur.
Dans son projet, le Medef exige également l'ouverture de discussions avec l'Etat avant la fin de l'année en vue d'une réforme de plus grande ampleur sur les «moyens de lutter contre la précarité » dans le secteur et «le financement de la politique culturelle».
Sommé de mettre la main à la poche, le ministre du Travail Michel Sapin ne s'est pas prononcé sur cette demande, se contentant de rappeler de manière plus globale que l'assurance-chômage était de la «responsabilité» des partenaires sociaux.
L'intermittence, «c'est 300 millions de surcoût (...). S'apercevoir aujourd'hui que les gens qui sont en grande fragilité sont ceux qui touchent le plus d'indemnisation du chômage, c'est quand même une évidence», a-t-il déclaré vendredi sur i-TELE.
De leur côté, certains artistes commencent à donner de la voix.
Dans une tribune publiée vendredi par la Guilde des artistes de la musique (GAM), le chanteur d'Indochine Nicola Sirkis défend le régime qui permet aux techniciens engagés sur les tournées du groupe de «tenir», alors qu'ils travaillent «souvent douze heures par jour, le samedi et le dimanche, mais par intermittence».
«Ils ne seraient pas ou plus disponibles pour nous aujourd'hui, nous serions obligés de travailler avec des techniciens anglais, belges ou autres. Est-ce vraiment le moment?» demande-t-il.