Hollande fait entrer quatre résistants dont deux femmes au Panthéon
•François Hollande doit annoncer vendredi le transfert au Panthéon des cendres de deux hommes et deux femmes illustres, dont Germaine Tillion et Jean Zay, lors de l'hommage qu'il rendra au Mont-Valérien (Hauts-de-Seine) aux héros de la Résistance.© 2014 AFP
François Hollande doit annoncer vendredi le transfert au Panthéon des cendres de deux hommes et deux femmes illustres, dont Germaine Tillion et Jean Zay, lors de l'hommage qu'il rendra au Mont-Valérien (Hauts-de-Seine) aux héros de la Résistance.
Le chef de l'Etat va «panthéoniser» quatre grandes figures de la Seconde guerre mondiale: Germaine Tillion, ethnologue et résistante, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, ancienne présidente de ATD quart Monde, nièce du général de Gaulle qui fut déportée, le journaliste résistant Pierre Brossolette et Jean Zay, homme politique assassiné en juin 1944 par des miliciens, auquel François Hollande avait rendu hommage le jour de son investiture à la présidence.
L'information, dévoilée par plusieurs médias mercredi soir, a été confirmée jeudi à l'AFP par une source gouvernementale proche du dossier.
«Il s'agit d'honorer la Résistance» en faisant prévaloir «l'égalité entre les hommes et les femmes dans le combat clandestin d'hier comme dans la reconnaissance de la Nation aujourd'hui», a expliqué cette source.
L'hommage intervient 70 ans jour pour jour après l'exécution par les Nazis de 22 membres du Groupe Manouchian au Mont-Valérien, le 21 février 1944. Le député PS Jean-Marc Germain a d'ailleurs regretté jeudi que leurs cendres ne soient pas également transférées au Panthéon à cette occasion.
Interrogée par l'AFP sur la quadruple «panthéonisation» décidée par François Hollande, l'historienne Annette Wieviorka, spécialiste de cette période, juge «plutôt bon» le choix de ces quatre grandes personnalités, qui «dépassent largement le cadre de la Seconde guerre mondiale par leur engagement éthique et leur itinéraire et incarnent des valeurs universelles».
En particulier «Jean Zay, qui a tout inventé et a été un très grand ministre auteur d'un nombre incalculable de réformes, et Geneviève de Gaulle, une sainte», estime-t-elle.
Temple républicain sur le fronton duquel figure la devise: «Aux grands Hommes la patrie reconnaissante», le Panthéon n'accueillait jusqu'ici que deux femmes sur 71 personnalités, la physicienne Marie Curie et Sophie Berthelot. Cette dernière n'y figure toutefois qu'en qualité d'épouse du chimiste Marcellin Berthelot.
Dans un rapport remis en octobre à l'Elysée, le Centre des monuments nationaux (CMN) recommandait de panthéoniser des «femmes du XXe siècle» s'étant illustrées par leur «courage», leur «ténacité» et leur «engagement républicain».
Décédée en 2008 à 100 ans, l'ethnologue Germaine Tillion fut une résistante de la première heure. Elle participe en juin 1940 à la création du réseau de résistance du Musée de l'Homme. Dénoncée, elle est arrêtée en 1942 puis déportée à Ravensbrück. Rescapée, elle sera parmi les premiers à témoigner de l'enfer du système concentrationnaire.
- Zay, figure de la Résistance et de la laïcité -
Fille du frère aîné du général, Geneviève de Gaulle-Anthonioz est étudiante lorsqu'elle rejoint la Résistance. Rescapée de Ravensbrück, elle prendra la tête du mouvement ATD-Quart Monde en 1964. Elle est décédée en 2002.
Ministre de l'Education du Front Populaire, Jean Zay, tué en 1944 par la milice de Vichy, a laissé une profonde empreinte sur le système éducatif et culturel français. On lui doit la scolarité obligatoire jusqu'à 14 ans ou encore l'interdiction du port d'insignes politiques et religieux à l'école.
Arrêté en 1944 avant de se suicider pour ne pas livrer de secrets à la Gestapo sous la torture, le journaliste et militant socialiste Pierre Brossolette fut l'un des principaux acteurs de la Résistance intérieure, sous les ordres du colonel Passy, chef des services de renseignement de la France Libre. Il rejoindra au Panthéon quatre autres Compagnons de la libération: Jean Moulin, René Cassin, Félix Eboué et André Malraux.
François Hollande annoncera leur entrée sous la Coupole au Mont-Valérien, haut lieu de mémoire de la Résistance et de la France combattante. Quelque 1.007 hommes, résistants et otages, - le code de la Wehrmacht interdisant de fusiller les femmes - furent suppliciés dans la clairière du fort du Mont-Valérien, à l'ouest de Paris, entre le 1er janvier 1941 et le 15 juin 1944.
Parmi eux figurent Honoré d'Estienne d'Orves, Gabriel Péri, sept membres du réseau du Musée de l'Homme, tout premier mouvement de résistance en France, et les 22 hommes de diverses nationalités du Groupe Manouchian, l'un des mouvements armés les plus actifs de la Résistance.
Le site du Mont-Valérien est visité chaque année par 20.000 personnes qui peuvent voir les graffiti de résistants sur les murs de la chapelle où les condamnés à mort étaient enfermés avant leur exécution.