Rythmes scolaires: Le mouvement des «gilets jaunes» veut faire mouche

Rythmes scolaires: Le mouvement des «gilets jaunes» veut faire mouche

EDUCATION – Depuis près d’un an, des parents d’élèves manifestent leur opposition à la réforme des rythmes scolaires. Mais ce mouvement de grogne devrait rester ancré dans l’action locale...
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

Cette semaine, ils feront encore parler d’eux dans les académies qui ne sont pas en vacances. Depuis près d’un an, des parents d’élèves, réunis en collectif, arborent des gilets jaunes lorsqu’ils accompagnent leurs enfants à l’école pour signaler leur opposition à la réforme des rythmes scolaires. «Ce vêtement fait référence à la sécurité, car nous voulons montrer que nous restons vigilants au sort réservé à nos enfants avec cette réforme, qui n’a rien d’égalitaire», explique Magali Martinelli, porte-parole du mouvement dans l’Essonne.

«Les nouveaux rythmes scolaires n’ont pas amélioré les conditions d’apprentissage des élèves, mais ont entrainé pour eux plus de fatigue et des problèmes de sécurité (certains élèves ayant été retrouvés dans la rue sans surveillance). Beaucoup d’ateliers sont sans intérêt pédagogique et les équipes d’animateurs changent trop souvent», renchérit Isabelle Nizard, porte-parole nationale du mouvement. Des critiques qui poussent les «gilets jaunes» à réclamer purement et simplement l’abrogation du décret sur les rythmes scolaires.

47.400 mentions «j’aime» sur Facebook

Un mouvement qui fait de plus en plus parler de lui en multipliant les manifestations locales ou en appelant même à boycotter l’école certains jours. Sa page Facebook intitulée «Contre la réforme des rythmes scolaires» fait aussi chaque semaine davantage d’émules et compte à ce jour 47.400 mentions «j’aime». Une montée en puissance qui a de quoi étonné, car le mouvement revendique son indépendance à l’égard des fédérations de parents d’élèves, des syndicats et des partis politiques.

Le collectif est aussi récemment devenu une association qui fédère 102 groupes régionaux et qui compte 16 coordinateurs nationaux. Un nouveau statut dont il espère tirer avantage: «Cela va nous permettre de mieux mobiliser et de prendre des décisions communes», espère ainsi Magali Martinelli.

Une manifestation à Paris en mars

Le mouvement prévoit une démonstration de force le 15 mars à Paris. «Ce sera une grande manifestation qui regroupera les parents qui ont déjà expérimenté les nouveaux rythmes scolaires et ceux qui y passeront l’an prochain»,informe Isabelle Nizard, porte-parole nationale de l’association. Les «gilets jaunes» espèrent aussi se multiplier à la prochaine rentrée, avec le passage de 80% des communes françaises aux nouveaux rythmes scolaires (seulement 20 % les ayant adoptés en 2013).

«Et en cas de départ de Vincent Peillon du gouvernement, on espère que son successeur reviendra sur la réforme», explique Magali Martinelli. «Certains maires ont déjà fait machine arrière sur l’application de la réforme, le mouvement de grogne peut donc s’amplifier», assure de son côté Isabelle Nizard.

Un mouvement qui restera local

Une hypothèse à la quelle ne croit pas Claude Lelièvre, historien de l’éducation: «Cela m’étonnerait que le mouvement des "gilets jaunes" parvienne à fédérer au niveau national. C’est un mouvement un peu latéral». Car malgré le mécontentement d’une partie des enseignants et des parents concernant cette réforme, «même les partis politiques et les syndicats n’ont pas réussi à mobiliser durablement sur le sujet», souligne-t-il. En outre, selon lui, la réforme des rythmes scolaires «n’est pas au centre des débats municipaux», alors que la grogne aurait pu gagner de l’ampleur à cette occasion.

Reste que le mouvement des «gilets jaunes» pourrait laisser des traces, selon Claude Lelievre: «Le fait qu’il organise notamment des boycott de jours de classe porte préjudice à l’école. Cela participe à la tentative actuelle de déstabilisation de l’Education nationale».

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