Arbitrage Tapie: Christine Lagarde a été réentendue à la Cour de Justice de la République
ENQUÊTE•éjà témoin assisté devant la CJR, l'ancienne ministre est ressortie sous le même statut de cette audition...© 2014 AFP
L'arbitrage Bernard Tapie est loin d'être fini. La directrice générale du FMI Christine Lagarde a été entendue le 31 janvier à la Cour de Justice de la République (CJR) pour son rôle en tant que ministre de l'Économie à l'époque de l'arbitrage en faveur de l'homme d'affaires en 2008, a-t-on appris de source proche du dossier, confirmant une information d'iTélé.
Déjà témoin assisté devant la CJR, l'ancienne ministre est ressortie sous le même statut de cette audition, qui a duré «plusieurs heures», a précisé la même source. Elle avait déjà été entendue devant cette cour, seule habilitée à enquêter ou juger des faits commis par des membres d'un gouvernement en exercice.
Des soupçons d'entente et de simulacre
Des juges du pôle financier ont déjà mis en examen cinq acteurs de ce dossier pour «escroquerie en bande organisée»: Bernard Tapie, qui avait bénéficié de 403 millions d'euros en réparation de son préjudice lors de la vente d'Adidas par le Crédit lyonnais, son avocat Maurice Lantourne, l'un des trois juges arbitres Pierre Estoup, l'ancien directeur de cabinet de Lagarde, Stéphane Richard, et Jean-François Rocchi, patron à l'époque du CDR, la structure chargée de gérer l'héritage du Crédit lyonnais.
Les magistrats soupçonnent une entente illicite entre ces protagonistes et un «simulacre» d'arbitrage en faveur de Bernard Tapie.
Discorde entre Lagarde et Richard
En garde à vue, Stéphane Richard, désormais PDG d'Orange, avait réfuté la thèse selon laquelle il pouvait avoir agi sans le consentement de sa ministre dans ce dossier, alors que des déclarations de Christine Lagarde devant la CJR laissaient penser qu'elle lâchait son ex-directeur de cabinet.
L'ancienne ministre avait, par exemple, expliqué que lors de leur premier entretien sur ce dossier, deux mois avant la décision d'aller à l'arbitrage, Stéphane Richard ne lui avait «pas parlé d'une note du 1er août (2007) de l'Agence des participations de l'Etat» (APE) hostile à l'arbitrage.
La lettre du 23 octobre 2007 pose problème
Une position qui semblait différer de celle livrée en septembre 2008 à la commission des Finances de l'Assemblée nationale: elle y expliquait avoir eu connaissance de notes de l'APE «tout au long de cette affaire», des «analyses pertinentes» mais «souvent conservatrices».
Les juges s'interrogent aussi sur une lettre du 23 octobre 2007, une des seules instructions écrites de Christine Lagarde figurant au dossier. Ils pensent qu'elle a pu être paraphée par la «griffe», une signature pré-imprimée susceptible d'être utilisée notamment par son directeur de cabinet en son absence.
Mais devant les parlementaires en 2008, Christine Lagarde avait confirmé «avoir donné des instructions» pour soutenir «la décision du CDR d'aller en arbitrage» et assumé «la responsabilité des instructions écrites». Elle avait évoqué cette lettre du 23 octobre.