Affaire Natacha Mougel: Alain Penin, «la personnalité» d'un tueur en série
Le meurtrier présumé de la joggeuse Natacha Mougel, Alain Penin, ...© 2014 AFP
Le meurtrier présumé de la joggeuse Natacha Mougel, Alain Penin, a «la personnalité» d'un tueur en série et sa responsabilité pénale est «entière», ont estimé mercredi des experts, au troisième jour de son procès devant la cour d'assises du Nord.
«Il a tout à fait la personnalité» d'un violeur ou d'un tueur en série. «On est dans ce registre-là», a assuré le psychologue Jean-Luc Ployé, qui a expertisé les tueurs en série Francis Heaulme et Michel Fourniret.
Alain Penin, condamné en 2006 pour le viol d'une autre joggeuse, a «quelques traits de personnalité qui peuvent faire penser à la personnalité de Michel Fourniret. Ce dernier partait en chasse», a ajouté le Dr Ployé.
Lundi, le Dr Catherine Thévenon, médecin coordonnateur chargé des soins pendant la libération conditionnelle d'Alain Penin, avait indiqué qu'elle voyait en lui le profil d'un «serial killer».
«Je considère que c'est un pervers sexuel. Il a un besoin de toute-puissance. Sa dangerosité criminologique est très importante, encore agissante, et je suis très réservé sur ses capacités de réinsertion», a encore affirmé le Dr Ployé.
L'avocat d'Alain Penin, Me Abderrahmane Hammouch, a évoqué un «réquisitoire», ajoutant que les noms de Heaulme et de Fourniret sont «des noms qui pèsent lourd».
Comme depuis le début de son procès, Alain Penin, bas de jogging gris clair et pull gris foncé, est resté impassible sur le banc de son box, les mains posées sur ses cuisses, sous son ventre.
Il a répondu calmement, souvent par la même phrase, aux questions de la présidente, après les témoignages d'autres joggeuses mercredi après-midi: «C'est possible mais je ne me souviens pas».
Le Dr Daniel Zagury, psychiatre habitué des affaires criminelles, a lui déclaré qu'Alain Penin n'était pas «un malade psychotique» et que «sa responsabilité pénale est entière».
Pour cet expert, qui intervient dans les cours d'assises depuis 25 ans, l'accusé «a une part de libre arbitre» et une capacité de «différer le passage à l'acte».
«Point de non-retour»
Dans le cas de Natacha Mougel, «l'homicide n'est pas anticipé mais résulte» de l'échec de son plan, de son fantasme. Il y a eu «un point de non-retour dans sa tête» et un «acharnement frénétique», selon le Dr Zagury, qui a rappelé qu'on parlait de tueur en série à partir de trois homicides.
«Les tueurs en série ont une plus grande organisation et une plus grande capacité à ne pas se faire appréhender», a-t-il ajouté.
Daniel Zagury a par ailleurs indiqué que M. Penin «semble avoir été mêlé à la sexualité de ses parents».
Lundi, l'accusé a confié avoir dormi pendant longtemps dans la chambre de ses parents car il n'y avait pas assez de chambres pour les quatre enfants. Il a ajouté avoir été abusé sexuellement par l'une de ses soeurs, ce que cette dernière a démenti.
«Il en parle avec détachement, comme s'il n'était pas concerné», a relevé le Dr Zagury.
Ce dernier n'a pas accablé son confrère, le Dr Notardonato, chargé de l'expertise d'Alain Penin pour sa demande de libération conditionnelle en 2009 et qui avait révélé lundi ne pas avoir eu accès à toutes les pièces du dossier, dont la précédente expertise. Cet expert avait conclu à un risque de récidive limité.
«Il a peut-être manqué de prudence dans la forme», a-t-il souligné. «Il faut avoir les pièces. Si la justice ne nous les donne pas, il ne faut pas faire d'expertise. Ce n'est pas nécessairement la faute de l'expert».
Alain Penin, âgé de 42 ans, est accusé d'enlèvement et de séquestration avec actes de torture et de barbarie, tentative de viol avec arme, le tout en état de récidive, et homicide volontaire. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.